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s’élevait déjà à 21 millions de livres. Mais, aussitôt la paix conclue, apparaissent les efforts pour diminuer les charges contractées pendant les années de guerre. En quatre ans, le chiffre descend à 16 millions. La guerre de la succession d’Espagne coûtant près de 3 millions par an, la dette en 1713 dépasse 53 millions ; elle s’élève à 55 millions en 1723, à la suite de nouvelles guerres avec l’Espagne et de la crise financière occasionnée par la compagnie des mers du Sud. Les années de paix qui suivent sont de nouveau mises à profit, par le ministère Walpole, pour racheter des titres de la dette, dont le total est ramené à 47 millions en 1739, à la veille de la guerre de la succession d’Autriche.

Divers traits marquent cette première période d’un demi-siècle. Au début l’Echiquier a encore recours aux anciens systèmes pour se procurer des ressources : tontines, avances d’impôt, etc. Mais peu à peu les émissions de rentes consolidées prirent une importance de plus en plus grande. En même temps les avances de la Banque d’Angleterre à l’Échiquier n’avaient cessé d’augmenter : en 1708, par un acte de la septième année du règne d’Anne[1], le chiffre primitif de 1 200 000 livres avait été porté à 1 600 000. Cette nouvelle avance était consentie sans intérêt ; ce qui équivalait à ramener le taux de 8 à 6 pour 100 sur le total des 1 600 000 livres désormais prêtées. En échange, la Banque vit son privilège renouvelé jusqu’en 1732 ; dès 1713, il le fut jusqu’en 1742. En 1716 (acte 3 de Georges Ier) le découvert montait à 2 100 000, par suite de l’annulation de 500 000 livres de bons de l’Échiquier rachetés par la Banque. En 1721, cette dernière, ayant été chargée de racheter le capital de la compagnie de la mer du Sud, devint de ce chef créancière du Trésor pour 3 328 300 livres. En 1727 et 1728 (1 et 2 de Georges II) elle avança encore 3 millions à l’Etat, dont la dette vis-à-vis de cet établissement dépassait ainsi 8 millions de livres sterling.

Aussi son privilège fut-il renouvelé en 1742 pour une période de 22 ans, moyennant une nouvelle avance de 1 600 000 livres, qui devait s’augmenter encore, quatre ans plus tard, par la vente à la Banque de 984 800 livres de bons de l’Echiquier, lesquels furent annulés et transformés en une dette permanente du Trésor vis-à-vis de la Banque. En 1764, alors que le total de cette dette

  1. On sait qu’en Angleterre les lois, qui portent le nom officiel de Acts of Parliament, se datent d’après l’année du règne du souverain pendant lequel elles sont promulguées.