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et ses recherches qu’il publiait sans hâte et quelquefois longtemps après leur exécution. En chimie il a établi la composition de l’eau et celle des composés oxygénés de l’arsenic : il a préparé l’azote avant Rutherford, aperçu le phénomène de l’occlusion de l’hydrogène dans les métaux, et fait paraître des mémoires sur divers sujets d’astronomie et de météorologie, dont l’un tout à fait hors de pair, sur la densité de la terre, parut en 1798.

Cavendish s’était précisément demandé si l’azote atmosphérique était ou non identique à l’azote chimique. La méthode qu’il employa pour résoudre cette question est celle même que lord Rayleigh a utilisée à son tour. « On peut douter, disait Cavendish en parlant de l’azote atmosphérique qu’il appelle encore « air phlogistique, » que le tout soit de même espèce et se demander s’il n’y a pas en réalité plusieurs substances différentes que nous confondons ensemble sous le nom d’azote. Je fis donc une expérience pour savoir si la totalité d’une quantité déterminée de l’azote de l’atmosphère pouvait être transformée en acide nitreux, ou s’il n’y avait pas une partie différente du reste, qui ne pût subir cette transformation. »

Cette expérience consiste à faire passer l’étincelle électrique dans l’air atmosphérique, de manière à combiner l’azote à l’oxygène sous forme d’acide azoteux ou nitreux, qui disparaît dans la solution de potasse remplissant une partie de l’appareil. On obtient un premier résidu ; on répète l’opération, après avoir ajouté une nouvelle quantité d’oxygène ; et l’on recommence ainsi jusqu’à ce que l’on n’obtienne plus de changement, c’est-à-dire jusqu’à ce que l’étincelle électrique ait achevé de combiner, ou encore, de « brûler » tout l’azote. Cavendish trouva que, l’azote brûlé, il restait un résidu que l’on ne pouvait plus faire disparaître. Il évalua la quantité de ce résidu. C’était la 120e partie de l’azote employé.

Tout cela, pour employer l’expression même de M. W. Ramsay, « est merveilleusement exact. » Cavendish s’est posé la question ; il a employé la méthode convenable pour la résoudre ; il s’est trouvé en présence de l’argon, il en a mesuré la proportion. Il s’est arrêté là. Il n’a pas conclu.

Cette conclusion, les auteurs anglais, ses successeurs, l’ont nettement dégagée. Ils ont répété l’expérience de Cavendish, l’ont vérifiée et confirmée de mille manières, avec une patience, une ingéniosité de détails et une perspicacité dans le dessein qui