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d’azote qui est due à ces actions continues et puissantes n’est plus négligeable.

Il résulte de ces explications que la composition de l’atmosphère, au lieu d’être fixe, évolue lentement vers un état de choses caractérisé par la diminution de l’azote et l’augmentation de l’oxygène.

Si nous laissons de côté, maintenant, les deux élémens fondamentaux de l’air pour revenir aux élémens accessoires, nous verrons qu’ils ont été l’occasion, en ces dernières années, de recherches non moins intéressantes.

Cela est vrai surtout de l’acide carbonique. Celui-ci est, parmi les élémens variables de l’atmosphère, le plus important de beaucoup. La quantité d’acide carbonique oscille autour de trois dix-millièmes : dix mètres cubes d’air en contiennent trois litres. Des analyses innombrables de l’acide carbonique atmosphérique ont été exécutées par les chimistes les plus habiles de tous les pays. Dans les stations météorologiques la recherche en est faite méthodiquement deux fois par jour. C’est ce qui a lieu à l’observatoire de Montsouris. Le même service analyse quotidiennement un échantillon d’air recueilli dans le centre de Paris. Comme on devait s’y attendre, c’est à Paris que la proportion d’acide carbonique est la plus forte. Les moyennes mensuelles diffèrent peu ; en 1893 par exemple elles n’ont varié que de 2m,96 à 3m,25 (pour 10 000 litres d’air). Dans le monde entier les mêmes observations ont été répétées ; et, en définitive, on est d’accord partout sur le taux de l’acide carbonique. Il est sujet à variations, mais celles-ci sont contenues entre d’étroites limites, autour du même chiffre de 3 pour 10 000. On s’étonnera justement de voir les proportions de ce gaz se maintenir à peu près invariables alors que tant de circonstances concourent à le faire varier. Les plantes vertes en absorbent des quantités considérables qu’elles décomposent et dont elles rejettent l’oxygène dans l’atmosphère. La supputation la plus récente, celle de Hoppe-Seyler en 1877, évalue la quantité d’acide carbonique qui disparaît de ce chef, en une année, à la 129e partie de la provision totale. Celle-ci serait donc épuisée en 129 ans si des sources puissantes ne renouvelaient pas le gaz disparu. Les plus banales ont été dès longtemps indiquées : c’est la respiration des êtres vivans et la décomposition lente des résidus organiques ; la combustion de l’énorme quantité de charbon extrait des houillères (quantité qui, pour l’année 1890, par exemple, s’est élevée