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étaient dirigés dans des régions plus lointaines ou plus fiévreuses que celles qu’on leur avait primitivement assignées. Le bruit de ces déceptions alarmait, au fur et à mesure, les nouveaux convois d’émigrans, mais ne suffisait ni à les arrêter, ni à les disperser ; officiellement, le ministre de l’agriculture du Brésil réclamait l’introduction annuelle de 10 000 paires de bras, et les populations italiennes demeuraient les plus empressées à satisfaire à cette réquisition.

Au risque d’être fourvoyées, maltraitées et décimées, elles persistaient à partir, toujours en plus grand nombre ; alors certaines initiatives privées s’éveillèrent, pour leur assurer, au cours de cet exode, les soins assidus d’une vigilance protectrice. Dès 1875, M. le sénateur Torelli avait tenté de fonder à Rome, au siège de la Société géographique italienne, une association de patronage pour les émigrans ; cette association fut tout de suite accueillie avec faveur ; elle commença même la publication d’un bulletin mensuel destiné à renseigner les Italiens qui s’éloignaient ; mais, l’indifférence et l’oubli survenant, elle disparut au bout de cinq ans. Derechef, en 1885, la Société géographique italienne proclama que « des raisons d’humanité, de convenance, et d’intérêt national » imposaient l’étude de la question de l’émigration ; et la commission qui entreprit cette étude projeta d’instituer un office de patronage pour les émigrans. Mais l’argent manquait ; et comme il advient toujours lorsqu’on n’a point les ressources nécessaires pour aboutir, on prolongea les enquêtes préparatoires. Elles eurent des résultats partiels : d’abord, en 1889, la fondation à New-York de l’Italian home, destiné à devenir un centre de protection et un lieu de contact pour tous les Italiens déjà épars dans la métropole, et pour tous ceux qui s’y présentaient ; puis, en 1891, à New-York, aussi, la création de la Société Saint-Raphaël, qui a pour but d’assister les arrivans, de leur procurer du travail, un logement provisoire et des secours religieux.

C’est un consul d’Italie, M. Gian-Paolo Riva, qui fut l’auteur de la première initiative ; l’honneur de la seconde remonte à un prêtre, M. Pietro Bandini, et indirectement à Mgr Scalabrini, évêque de Plaisance. Car la Société Saint-Raphaël, telle qu’elle fonctionne, est fille de cet Institut Christophe-Colomb, que créait, il y a une quinzaine d’années, Mgr Scalabrini « pour maintenir dans le cœur des Italiens la foi catholique, le sentiment de leur nationalité, l’affection envers la mère patrie ; » M. Pietro Bandini