les bandeaux serrés à la mode des statues antiques avec un chignon ferme, placé haut, et pointant droit de l’occiput ; les demi-bandeaux étoffés, relevés sur les côtés pour dégager l’oreille et la nuque et se joignant en une sorte de pouf épais et bouffant, des coiffures, qui semblent à chaque jour renouvelées et qui, de la part des artistes, exigent un goût d’autant plus sûr, une habileté d’autant plus consommée que la matière coiffable est moins abondante et qu’il faut suppléer à ce qui manque et colorer ce qui reste. Les cheveux de Joséphine, aux derniers jours de sa vie, sont, par la teinture, restés d’un châtain vigoureux, mais ce qui n’en a point changé, ç’a été la qualité et ils sont d’espèce assez grosse. A partir d’un certain moment, l’art consiste à n’en point trop laisser voir, à trouver, surtout pour le soir, — car, dans la journée, l’Impératrice est toujours en chapeau, — soit quelque arrangement d’étoffes légères et mousseuses, soit une adroite disposition de touffes de fleurs artificielles, soit l’appareil souverain d’un diadème de grande dimension. Très tôt, il a fallu renoncer comme trop jeune et trop négligée à cette coiffure à la créole avec le mouchoir de madras négligemment noué sur le côté qui seyait à miracle à la vicomtesse de Beauharnais et même, dans les premiers temps, à la consulesse. Il faut du grave, du sérieux et du sévère, et, ce qui complique encore, il le faut accommodé à un visage qui, sans rien de remarquable ni de régulier dans les traits, vit uniquement de grâce et de mines. Qu’on s’étonne ensuite de l’importance que prend le coiffeur !
Ces premiers actes ont pris du temps : si les dames du Palais de service se présentent durant que le coiffeur est encore là, souvent on les fait entrer dans le cabinet et elles assistent à la grande délibération sur la toilette du jour : la première femme et les femmes de garde-robe apportent de grandes corbeilles qui contiennent plusieurs robes, plusieurs chapeaux et plusieurs châles, et la discussion s’ouvre.
L’été, les robes sont de mousseline, de batiste ou de percale ; l’hiver, d’étoffe ou de velours. En robes d’été, il y a du choix, car, au dernier inventaire de la garde-robe, en 1809, il s’en trouve deux cent deux ; et il ne faut point s’imaginer que, parce qu’elles sont blanches et d’étoffes que l’on dirait simples, on les ait à bon compte ! Les robes de percale et de mousseline reviennent de 500 à 2 000 francs, selon la broderie, et, de ces broderies, il en est