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grands jours de dentelle et riche broderie. » Il y a tout un assortiment : sept qualités différentes de bas de Paris ou de Berlin, mais ceux-ci sont surtout bas de coton, blancs le plus souvent, quelquefois de couleur naturelle brodés en soie blanche ; ils coûtent 30 et 42 francs la paire et servent sous le brodequin. Point de bas de couleur : en tout six paires de noirs et six de demi-deuil.

Les souliers, pour la matinée, sont le plus ordinairement en peau de couleur ou en étoffe : en peau, taffetas ou satin, elle les paye 8 francs la paire. En une année, elle en commande et en paye cinq cent vingt paires, sans compter les deux cent soixante-cinq paires neuves restant de l’année précédente. Ce sont des souliers tout plats, sans talon, si fins, si légers, qu’ils font corps avec le pied, ne le chaussent point, mais l’habillent, souliers de salon uniquement : pour sortir, on croise en X sur le mollet les ganses plates qui tiennent aux quartiers. D’ailleurs, point faits pour cela ; il est de Coppe, un des fournisseurs habituels de l’Impératrice, ce mot à une dame se plaignant que les souliers se fussent crevés la première fois qu’elle les a mis : « Je vois ce que c’est ; Madame a marché. » Pour ses pieds, dont elle est si justement coquette, Joséphine essaie tour à tour tous les marchands qui ont la vogue : c’est Bourbon le plus ordinairement, mais aussi Cholet-Bonnet, Cassagnes, Ringé, Geintzer, Henri, Schalcher, la veuve Simon, Legrand, etc. Pourtant nulle fantaisie pour les souliers, hormis, comme de juste, pour ceux qui, étant de costume, sont inventés par les peintres. Fort peu de brodequins : ceux qu’on porte par hasard sont d’étoffe ; il faut qu’on voyage pour prendre les brodequins de maroquin ou de velours doublés de fourrures. Sauf en ce cas, le soulier seul est de mise, à Paris comme à la campagne.

Chaussée, Joséphine passe un corset très léger de percale doublée, garni de valenciennes, ou de basin doublé de percale, rarement de satin blanc doublé de taffetas. Presque point de baleines, point de buse, elle n’en portera qu’en 1810. C’est Coûtant, le fournisseur, et les corsets ordinaires se paient 40 francs, ceux de satin 10 francs de plus.

Sur le corset, un simple jupon d’étoffe très souple, de petit basin rayé, garni d’un ou deux rangs de malines ou d’un petit volant de mousseline brodée à dents de percale brodée ou garnie de valenciennes, rarement de mousseline. L’hiver, quelquefois un jupon de tricot de coton bordé de dentelles, mais c’est