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fort médiocre ; mais ce fut bien pis avec Joséphine : on ne s’était point conformé à ses ordres ; au lieu des jolies choses qu’elle avait demandées, on avait surchargé les boiseries et les plafonds d’ornemens lourds et passés de mode ; les meubles n’étaient ni assez beaux ni assez riches ; tout enfin était mal ; et, cela dit, elle avait regagné l’Elysée. Elle ne revint aux Tuileries que le 12 décembre ; le 25 février 1809, elle retourna avec l’Empereur à l’Elysée ; de là, elle fut à Strasbourg, à Plombières, à la Malmaison, puis à Fontainebleau, et elle ne rentra aux Tuileries en quelque façon que pour le divorce. Elle a donc habité durant trois mois au plus l’appartement tel qu’il avait été décoré, ce qui explique comment l’Empereur, quelque recherchée que fût sa délicatesse à cet égard, ne jugea point nécessaire de faire, pour y installer sa seconde femme, des modifications profondes dans le cadre où la première avait à peine passé.

Dans cet Appartement intérieur, dont les pièces principales ne sont, comme on voit, pour la décoration et le style que la suite de l’Appartement d’honneur, l’Impératrice s’appartient un peu plus ou du moins mène une vie un peu moins publique ; ce sont ses femmes qui y font le service : l’une d’elles, de celles qu’on nomma d’abord femmes de chambre, puis dames d’annonce, que Napoléon appelait les huissiers femelles et qui, plus tard, furent baptisées femmes rouges, se tient dans la porte communiquant du salon de l’Appartement d’honneur à la salle de billard et, si le chambellan de jour a à prendre les ordres de l’Impératrice, il vient gratter à cette porte pour se faire introduire. En dehors des officiers de service, et pour le service, nul homme ne doit pénétrer.

Par le perron donnant sur la cour du Carrousel, entrent les marchands et les marchandes : nul d’entre eux ne doit traverser l’Appartement d’honneur et ne doit être reçu ailleurs que dans le Salon dit des marchands.

Aussi bien, dans l’Appartement intérieur ne peuvent régulièrement entrer que des femmes tenant à la Maison d’honneur ou présentées à la Cour et toutes, — sauf la dame d’honneur et la dame d’atour, — sur un ordre spécial de l’Impératrice et dans des conditions d’exception.

La disposition des appartemens à Saint-Cloud est singulièrement pareille à celle adoptée aux Tuileries : seulement l’Appartement d’honneur, faisant suite aux Grands appartemens de