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nettoyé et disposé sous les ordres du chambellan de jour. Ces valets de chambre qui, au temps du Consulat et tout au début de l’Empire, étaient habillés tout de noir, ont à présent, comme les huissiers, l’habit français en drap vert à galon brodé, la veste rouge et la culotte noire ; ils portent l’épée. Les premiers en grade se distinguent par des broderies au collet et aux paremens.

Puis, deux coureurs français, auxquels, à partir de 1808, viennent se joindre deux coureurs basques : ils portent les lettres, font certaines commissions, aident, ainsi que les valets de chambre d’appartement, au service de la table. On les prendrait en petite livrée pour des personnages sans importance et de simples valets de pied, mais il faut les voir en grand costume, avec l’habit vert galonné sur toutes les coutures, à col et à paremens de velours, la taille serrée par une large ceinture de taffetas ponceau à franges d’or ; leurs hauts bas de soie blancs sont retenus par de doubles jarretières d’or à franges ; ils sont coiffés d’une toque à garniture et à plaque dorée que surmonte un panache blanc ; en main, ils tiennent une haute canne à garniture et à glands d’or : ce sont les heiduques d’autrefois, tels ceux qui, en clair costume de soie, couraient au-devant des carrosses du roi et remettaient galamment les billets des galans seigneurs aux dames du siècle passé.

Enfin, il y a les valets de pied, en nombre croissant chaque année. Douze seulement en 1804, vingt-deux en 1806, vingt-six plus tard ; ils ont l’habit vert plus ou moins galonné, la veste écarlate, la culotte de ras de castor : leur service est tout extérieur et d’antichambre ; ils n’entrent jamais, sous aucun prétexte, dans les salons, suivent seulement la voiture de l’Impératrice et les voitures de la Cour, et le reste du temps garnissent le vestibule.

Celui-ci passé, l’on entre dans le premier salon, meublé de plians de bois doré, couverts en tapisserie de Beauvais : c’est le salon où entrent de droit les officiers des maisons d’honneur de Leurs Majestés qui ne sont point de service, les officiers des princes et des princesses, les personnes appelées ou admises à l’audience de l’Impératrice qui ne sont point de qualité à franchir la porte du second salon. Tout le jour, de huit heures du matin à onze heures du soir, s’y tiennent les deux pages de service, des enfans, car on choisit pour l’Impératrice les plus petits et les plus mignons de l’école. Ils sont gentils en petit uniforme, avec l’habit vert, galonné sur la poitrine de neuf galons de vénerie, boutonné