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POÉSIE


ADIEU PARIS !


Adieu, Paris, ville de fer,
Ville de vent, ville de rêve,
Cher Paris où l’amour se lève,
Doux Paris où j’ai tant souffert !

Et le train file, file, file,
Comme un éclair en pleine nuit…
Mon cœur fait encor plus de bruit,
Mon cœur qui n’est jamais tranquille.

Voici, sous la lune de Mai,
La plaine qu’on dit pittoresque,
La verte combe où j’ai ri presque,
La colline où j’ai presque aimé.

L’histoire est-elle vraie ou fausse ?
Suis-je un bon, un mauvais témoin ?
Qu’importe ? — Voici déjà loin
Les mornes plaines de la Beauce.

Puis rien. — Du noir, du noir partout,
Noir dans le ciel et sur la terre.
Noir surtout au cœur solitaire,
Gonflé de rage et de dégoût.