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LA POLITIQUE ALLEMANDE
ET
LE PROTECTORAT DES MISSIONS CATHOLIQUES

Déjà, — sur les routes brûlées de la Palestine, où tant de peuples, tant de prophètes et tant de rois ont imprimé la trace de leurs pas, — les fourriers de l’empereur Guillaume II, précurseurs de leur maître, marquent les étapes et préparent les logis. En même temps que les séductions de l’art et la poésie des souvenirs, la réalité pratique d’intérêts matériels très nettement aperçus attire l’illustre voyageur vers les trois capitales du silencieux Orient. Constantinople, Jérusalem, le Caire ! l’éclat de ces trois noms illumine tout le prodigieux et logique développement des passés, toute la suite indéfinie de ces hier dont est fait aujourd’hui. Evocatrices des temps lointains, les grandes métropoles du Levant sont, dans le temps présent encore, le point de rencontre où viennent s’entre-croiser des questions religieuses, politiques, économiques dont la solution est vitale pour les grandes nations du Ponant.

C’est par Constantinople que l’empereur d’Occident prendra contact avec l’Orient. Il y sera l’hôte d’Abd-ul-Hamid, son protégé ; il y étalera aux yeux des Turcs la puissance tutélaire de son amitié. Puis, il voguera vers les rivages de la Palestine. C’est, si rien ne survient, le 26 octobre que le souverain et sa suite débarqueront à Caïffa ; dédaigneux du chemin de fer qui, de Jaffa, conduit à Jérusalem, Guillaume II voyagera par étapes ; il viendra camper sous les murs de la Ville sainte : il a le sens artistique trop affiné, il connaît trop la puissance