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une concurrence dangereuse, mais une concurrence déloyale, déloyalement privilégiée ; et rien n’est instructif, j’allais même dire dramatique, comme le compte rendu d’une séance, tenue, il y a quelques mois, à la Société d’horticulture, à propos des travaux de l’Exposition.


... Plus de mille personnes attentives, relate le Journal officiel du Syndicat, et, on le sentait, soucieuses de leurs Intérêts, y assistaient.

L’ordre du jour portait :

Obtenir des représentans élus, la certitude que des cantines, quelle que soit leur dénomination, n’existeront pas dans l’Exposition pendant la durée des travaux, et leur démolition.

La présence de MM. H... et F..., députés de Paris, et L..., conseiller municipal, était des plus remarquée.

Nous avons, en vain, cherché dans l’assistance les autres conseillers municipaux des quartiers intéressés. Leurs électeurs se souviendront d’eux, sans aucun doute...


Puis, le secrétaire de la réunion prend la parole, et prononce le discours suivant :


Trois semaines, messieurs, se sont écoulées... Réunis, nous avons décidé que, faisant appel au commerce, nous devions, par un effort, nous assurer le libre exercice de professions auxquelles nous nous sommes voués... Il y a trois semaines de cela, devant le même public, je suppliais la Ville de Paris, en la personne de ses représentans, de laisser le commerce au commerçant.

Dans nos écoles publiques, dans nos écoles secondaires, quelle définition nous donne-t-on du commerçant ?

Le commerçant, nous dit-on, est celui qui, moyennant certaines obligations fiscales et certaines ordonnances urbaines, a le droit exclusif de faire l’échange de la marchandise qu’il offre contre finance ou nature...


Or, continue l’orateur, notre « droit, » nos « intérêts, » notre « propriété » sont lésés, menacés par des spéculateurs privilégiés qui « sans rien payer au fisc, » vont établir des cantines sur les chantiers mêmes de l’Exposition...


Comment ! Voilà des commerçans qui, depuis de longues années, paient des loyers et des impôts, qui attendent, pour vivre et élever les leurs, que la moisson vienne, qui ont semé, et qui sont menacés de ne pas récolter ?

Et pourquoi ? Parce que des capitalistes, jouant les bons apôtres du socialisme, vont se faire adjuger un monopole, et vivre, pieuvres du commerce, de la propriété même des commerçans !


Puis, ce couplet original :


Depuis 1890, le Champ-de-Mars était l’enfant gâté de la rive gauche. Les concerts intelligemment dirigés, le vélodrome habilement organisé, l’attrait