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des baies, de dimensions suffisantes, pour qu’avec des travaux relativement peu importans, l’on puisse les transformer en des bras de mer clos, ou du moins suffisamment isolés de l’Océan pour devenir de véritables viviers où le poisson peut vivre et se développer, et où on peut l’aller pêcher sans grands risques. La pisciculture marine donne le moyen de repeupler ces viviers. Il y a encore des étangs mi-salés, des estuaires saumâtres où certaines espèces vivent très bien, et que l’on pourrait utiliser aussi. Tandis que la mer gagne invinciblement sur nos côtes, les émiettant peu à peu, précipitant les falaises qu’elle désagrège, brise et disperse sous forme de rochers qui finissent par devenir des grains de sable, on pourrait, en bien des points, redemander à la mer la monnaie, et gagner ici ce qu’on perd ailleurs. Les barrières artificielles à élever auraient cet avantage de ralentir beaucoup l’œuvre de destruction : ce seraient des digues doublement utiles, et dans les grands viviers ainsi établis, on pourrait, selon toute vraisemblance, pratiquer l’élevage des poissons de mer dans des proportions considérables et de bonnes conditions[1].

Au total, les expériences faites établissent qu’il y a une œuvre utile à tenter et un exemple à suivre.


HENRY DE VARIGNY.

  1. M. Georges Roché a donné des indications intéressantes (chap. V de la Culture des Mers) sur ce qui se fait déjà dans cet ordre d’idées, à Arcachon, à Marennes, aux Sables-d’Olonne, à Comacchio. en Italie ; mais il est manifeste que l’art pourrait beaucoup aider la nature, et que la pisciculture, — ou la piscifacture, comme on rappelle souvent, — accroîtrait considérablement les ressources fournies par les étangs et viviers.