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nourrir, à quelque distance en mer, par un temps aussi favorable que possible, et là, on leur donnera la liberté : ils retrouveront leurs frères, nés dans la nursery naturelle des poissons, et commenceront la lutte pour l’existence. A coup sûr il en mourra beaucoup : mais il en survivra aussi, qui augmenteront la quotité de l’espèce.

J’ai consacré un peu plus d’espace à la station de Dunbar : c’est qu’elle peut être considérée comme le type le plus perfectionné des établissemens de pisciculture marine, à l’heure présente, et qu’elle réalise à peu près l’idéal actuel. A y regarder de près, on constate qu’il n’est aucunement besoin de magie pour établir pareil laboratoire. La pisciculture marine peut se faire en une infinité de points et, probablement, sous tous les climats. L’essentiel est de bien choisir le site ; il faut chercher les localités favorables, et le nombre des élémens à envisager dans cette appréciation est relativement grand. Nous avons vu de quelle importance est la question de l’eau : il faut tenir compte encore de la facilité qu’offre la configuration des côtes à l’établissement de viviers ; il faut être à portée de pêcheurs qui puissent fournir les reproducteurs. Il est très utile aussi que le chemin de fer passe à petite distance, car dès lors un laboratoire de pisciculture marine peut desservir une étendue de côtes considérable : avec des appareils appropriés, on peut faire voyager les alevins à des distances importantes, et dans ces conditions un seul et même établissement peut alimenter une région étendue.


III

La liste des stations de pisciculture marine est close. Nous n’avons encore rien en France qui corresponde à Gloucester, Dunbar ou Flödevig. M. E. Perrier a bien établi une installation dans son laboratoire de Saint-Vaast-la-Hougue ; mais, faute d’argent, l’usine chôme. D’autre part, M. Eugène Canu, qui a étudié la question avec beaucoup de soin et de compétence, voudrait créer une station véritable sur notre littoral du nord : mais à lui aussi l’argent fait défaut. Nous restons dans l’inaction, et cela est regrettable.

Peut-être convient-il maintenant de montrer en quoi il y a Lieu de regretter notre inertie ; et c’est ce que je veux faire en énumérant les résultats obtenus. En même temps, je signalerai