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LA CULTURE DES EAUX SALÉES

Abandonnée à elle-même, sans culture, sans labours, sans semis de graines méthodiquement choisies entre les meilleures, sans ces mille soins qui, toute l’année durant, absorbent le temps de l’agriculteur et de l’horticulteur, la terre est une médiocre nourrice. Elle consent bien, il est vrai, à réjouir les yeux par des fleurs opulentes, dont les couleurs et la forme resplendissent au milieu de la verdure, et servent aussi à attirer les insectes qui aideront à l’œuvre de reproduction : mais elle n’a guère cure de l’estomac. Les fruits qui suivent sont âpres et pauvres, le plus souvent, et c’est faute de mieux que l’homme s’en est contenté pendant une longue succession de siècles.

Il ne s’en contente plus au reste ; et l’une des grandes œuvres de la civilisation, — à la fois cause et effet de celle-ci, tant les choses s’enchaînent et se tiennent mutuellement, — œuvre qui a commencé dans les lointaines profondeurs de la préhistoire, et qui se poursuit chaque jour, dans chaque champ, dans tout jardin, a consisté dans l’amélioration des plantes naturellement comestibles. Nul ne l’ignore, cette amélioration des plantes sauvages est le fruit des labeurs de l’homme, le résultat des soins par lui apportés à la culture, et de la sélection surtout.

S’il a su cultiver la terre, pourquoi ne cultiverait-il pas les mers aussi bien ? Sont-elles moins étendues, moins riches en ressources naturelles ? Et si la récolte y est moins accessible, ne peut-on toutefois en arracher une bonne partie ?