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général Harlet, le bataillon du 4e grenadiers ; le général Michel, le 1er bataillon du 3e chasseurs ; le colonel Mallet, un fidèle de l’île d’Elbe, le 2e bataillon ; le général Henrion, le bataillon du 4e chasseurs. Ney roule à terre avec son cheval, le cinquième tué sous lui. Il se dégage, se relève, et marche à pied, l’épée à la main, à côté de Friant. L’artillerie anglaise, disposée en arc de cercle depuis la route de Bruxelles jusqu’aux hauteurs voisines de Hougoumont (car de convexe la ligne ennemie était devenue concave), tire à double charge de mitraille à partir de 200 mètres. La garde est battue de face et d’écharpe. Chaque volée y fait brèche. Les grenadiers serrent les rangs, rétrécissent les carrés et continuent à monter du même pas en criant : Vive l’Empereur !

Le 1er bataillon du 3e grenadiers (échelon de droite) culbute un corps de Brunswick, s’empare des batteries Cleeves et Lloyd, qu’abandonnent les canonniers et, par une légère conversion, se dirige vers la gauche de la brigade Halkett. Les 30e et 73e anglais reculent en désordre. Friant, blessé d’un coup de feu, quitte le champ de bataille en croyant à la victoire. Mais le général belge Chassé, un des héros d’Arcis-sur-Aube (il était alors dans les rangs français !), fait avancer à la droite des 30e et 73e la batterie van der Smissen, dont le feu écharpe les assaillans. Puis il porte délibérément à la gauche des deux régimens anglais la brigade Ditmer, forte de 3 000 hommes, la lance à la baïonnette contre le faible carré, le rompt, le disloque, l’écrase sous sa masse et en rejette les débris au bas des rampes[1].

Le bataillon du 4e grenadiers (second échelon) s’est engagé pendant ce temps contre la droite de la brigade Halkett. Sous la mitraille des deux pièces de Duchand et la fusillade des grenadiers, les débris des 33e et 69e régimens fléchissent. Le général Halkett saisit le drapeau du 33e, s’arrête en l’agitant et, par son exemple, arrête ses hommes. « Voyez le général ! crie-t-on, il est entre deux feux ! il ne peut échapper ! » En effet, il tombe grièvement blessé. Mais les Anglais sont ralliés, ils font ferme. Un vieux soldat dit en mordant sa cartouche : « — C’est à qui tuera le plus longtemps. »

Les 1er et 2e bataillons du 3e chasseurs (troisième échelon)

  1. Les historiens anglais, qui voudraient faire croire que l’armée anglaise a gagné la bataille à elle seule, ne font aucune mention de la charge des Belges. Ils s’efforcent même d’établir une confusion entre la 2e brigade de Chassé (d’Aubremée), laquelle, bien que placée en seconde ligne, fut au moment de lâcher pied, et sa 1re brigade (Ditmer), qui repoussa le 3e grenadiers.