dessins noirs et jaunes et la petite chienne épagneule tachetée de roux se retrouvent dans plusieurs œuvres du maître ; et les trois tableaux accrochés aux parois : le Portrait de Charles-Quint (aujourd’hui au Musée de Vienne), Loth et ses Filles (collection du duc de Marlborough) et le Petit Jugement dernier (Pinacothèque de Munich) sont tous trois de sa main. Pour la plus jeune dame, à ses traits gracieux et ingénus, nous sommes également d’accord avec M. Gœthe pour reconnaître en elle Isabelle Brant. Les types des deux garçons répondent aussi à ceux des fils de Rubens, Albert et Nicolas, et leurs âges à l’intervalle de quatre années qui sépare leurs naissances. La présence de la jeune fille pouvait seule faire difficulté, Clara Serena, l’aînée des enfans de Rubens, étant, croyait-on jusqu’à ces derniers temps, morte en bas âge. Mais une lettre de Peiresc, datée du 16 février 1624, et dans laquelle il cherche à consoler son ami de la perte récente de cette fille, nous apprend qu’elle a vécu jusqu’à cette époque. Dès lors, les détails de l’ameublement, les dates des tableaux exposés, les types et les âges des divers personnages, tout s’accorde pour confirmer la désignation adoptée et pour fixer vers 1622 la date de ce précieux ouvrage qui, ainsi que le suppose M. Gœthe, doit représenter une visite de Mme de Vos chez Mme Rubens[1]. Les deux dames, en effet, étaient amies et Rubens faisait grand cas du talent et du caractère de son confrère auquel il procura et fit lui-même plusieurs commandes. On rapporte même que, lorsqu’il était trop absorbé par ses grands travaux pour peindre les portraits des personnes qui s’adressaient à lui, il les renvoyait à De Vos en disant : « Allez chez lui ; il fait aussi bien que moi. »
Les richesses d’art de toute sorte que possédait Rubens avaient acquis au dehors un grand renom et attiraient chez lui de nombreux visiteurs. Les curieux, les grands seigneurs, les souverains
- ↑ Ce qui complique un peu la question d’attribution, c’est que la peinture semble exécutée par plusieurs artistes différens. La reproduction en petit du Portrait de Charles-Quint, et surtout celle du Jugement dernier sont faites très librement et si bien dans l’esprit des originaux, qu’on les croirait de Rubens lui-même. Les têtes des deux jeunes dames sont modelées avec autant de délicatesse que de sûreté et paraissent bien de C. de Vos ; en revanche, la petite fille est peinte d’une touche molle, timide et menue, qui rappelle F. Franken.