Malgré l’éclat de sa triomphante carrière, et malgré les nombreux déplacemens occasionnés par les missions diplomatiques qu’il eut à remplir, Rubens, on peut l’affirmer, fut avant tout un homme d’intérieur. Dès qu’il l’avait pu, il s’était installé, à Anvers, dans une habitation spacieuse, qu’il avait appropriée à son gré, qu’il ne cessa pas d’habiter et d’orner jusqu’à sa mort. C’est là qu’il goûtait ce bonheur domestique et ces joies du travail qui étaient pour lui les jouissances suprêmes, et c’est dans ce cadre à la fois magnifique et familier qu’on aime à le replacer. En dépit des modifications successives que cette somptueuse demeure a subies à la fin du siècle dernier et du dommage plus funeste encore que sa séparation en deux logis distincts devait amener pour elle vers le milieu de ce siècle, le voyageur en quête des souvenirs du maître ne saurait quitter Anvers sans visiter, dans la petite rue à laquelle on a donné le nom de Rubens, ces lieux qu’il habita. Si changé qu’en soit l’aspect, bien des choses y parlent encore de lui. En entrant dans la cour de la maison, qui porte le numéro 7 de cette rue, le coup d’œil est saisissant. Les façades des bâtimens primitifs et plusieurs de ces bâtimens eux-mêmes ont, il est vrai, disparu. Mais les murailles de l’aile droite subsistent, avec leur toit, orné comme autrefois de la girouette et des petites torches de métal qui le couronnaient ; et, dans un grenier qui surmontait l’ancien atelier de Rubens, on peut voir encore la poulie destinée à hisser dans cet atelier ou à en descendre les grands et lourds panneaux sur lesquels il a peint sas chefs-d’œuvre. Le
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RUBENS CHEZ LUI