aux conséquences de ce duel, à la situation nouvelle qui se prépare et qui se manifestera après la signature de la paix. On nous expliquait, il y a quelques semaines, comment un obscur instinct l’avait poussée vers une guerre, dont l’idée de patrie doit sortir plus vivante et plus forte. Les effets s’en feront également sentir sur le terrain économique ; le peuple américain prêtera une attention plus grande au budget fédéral, lorsqu’il aura compris qu’il est aussi nécessaire d’avoir des arsenaux financiers bien garnis que des vaisseaux et des canons en bon état et en nombre suffisant. Non pas qu’il éprouve encore la moindre difficulté ni souffrance matérielle : nous avons vu, au contraire, que jamais un concours de circonstances aussi favorables n’a plus vite enrichi l’Amérique. Mais les nouveaux impôts, votés en juin 1898, commencent à faire réfléchir le peuple : si les partisans de l’impérialisme, c’est-à-dire de la politique agressive et conquérante l’emportent, il lui faudra, comme de simples Européens, s’habituer à une série d’entraves fiscales. La loi de revenu de guerre (War Revenue bill) institue des impôts indirects nouveaux sur la bière, les tabacs et le thé ; elle soumet les banquiers, changeurs et courtiers à une sorte de patente, dont le taux paraît exorbitant pour les premiers ; elle établit diverses taxes sur les propriétaires de musées, théâtres, salles de concert, cirques, jeux de boules et de billard, sur les pharmaciens et parfumeurs, sur les sociétés qui raffinent le sucre et le pétrole ou qui transportent le pétrole ; elle institue une série de timbres nouveaux sur actions, obligations, reconnaissances de dette, quittances, chèques, traites, connaissemens, chartes-parties, télégrammes, messages téléphoniques, protêts, certificats de dépôt des produits agricoles, polices d’assurance, baux, hypothèques. Enfin, des droits successoraux sont organisés au profit de la Confédération, avec une échelle ascendante selon l’éloignement de la parenté et l’importance de l’héritage. Certes, presque tous ces impôts existent de ce côté-ci de l’Océan, et la plupart des contribuables européens seraient encore heureux d’échanger leur situation présente contre celle qui vient d’être faite aux Américains ; mais il n’en est pas moins vrai que le merveilleux essor des États-Unis a été dû en grande partie à l’absence de toutes les misères que la fiscalité fait peser sur nous.
Ce peuple qui aime à « faire grand » en tout, voudra peut-être se donner une organisation militaire qui exigera l’augmentation