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de tout genre. Ce n’est pas seulement la comparaison des impôts payés qui est tout en faveur des États-Unis : la valeur du produit annuel du travail de chaque habitant y étant beaucoup plus forte que dans les principaux pays européens, la proportion prélevée par les dépenses publiques sur ce revenu y est d’autant plus faible. Le tableau suivant, dressé par M. Atkinson, montre comment les charges publiques se répartissent par tête d’habitant, et met en regard les mêmes chiffres pour les principaux États européens :


États-Unis Angleterre France Allemagne, Belgique et Hollande
Armée 0,67 2,17 3,12 »
Marine 0,48 2,74 1,25 »
Services civils 1,42 2,94 4,98 »
Intérêt de la dette (y compris aux États-Unis les pensions) 2,45 3,04 6,23 »
Total par tête en dollars 5,02 10,86 15,58 10 (évaluation)
La valeur du produit du travail est estimée par tête à 200 150 120 100
de sorte que les impôts représentent par rapport à la production 2,5 0/0 7,2 0/0 13 0/0 10 0/0

D’autre part, le pays a de moins en moins besoin d’importer les objets de première nécessité. Sans parler des céréales, du coton, des métaux, dont il approvisionne l’univers, il a développé son industrie au point de suffire en grande partie à sa consommation intérieure d’objets fabriqués et de menacer les métallurgistes européens d’une concurrence jusque dans l’ancien monde. Aussi avons-nous vu, en dix mois, du 1er juillet 1897 au 30 avril 1898, les exportations américaines dépasser les importations de 514 millions de dollars. Les conséquences de cet étal de choses sont différentes pour le Trésor et pour la nation ; celle-ci y trouve un accroissement de richesse considérable ; les cultivateurs, aux prix élevés que le blé atteignit au printemps dernier, encaissent des revenus qu’ils ne connaissaient (dus ; les chemins de fer réalisent des recettes colossales. Le Trésor public au contraire, dont la ressource principale provient des droits de douane à l’entrée, souffre de moins-values, puisque l’importation de marchandises étrangères se ralentit.