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IX

En même temps, la brigade de dragons de Ponsonby (Royaux, Inniskillings et Scots-Greys) s’était élancée contre les colonnes de d’Erlon. Les Royaux débouchent de la route de Charleroi, bousculent la brigade Bourgeois aux prises avec le 95e embusqué derrière les haies et la repoussent jusqu’à la sablonnière. Les Inniskillings franchissent le chemin en passant par les embrasures pratiquées dans la double haie pour le tir des pièces et chargent la colonne de Donzelot. Les Écossais-Gris, ainsi nommés à cause de la robe de leurs chevaux, arrivent au dos des bataillons de Pack, qui ouvrent leurs intervalles pour les laisser. passer. Higlanders et Scots-Greys se saluent mutuellement des cris : Scotland for ever ! et les cavaliers fondent avec impétuosité sur la division Marcognet. Fusillées de front par l’infanterie, chargées sur les deux flancs par la cavalerie, paralysées par leur presse même, les lourdes colonnes françaises ne peuvent faire qu’une pauvre résistance. Les hommes refluent les uns sur les autres, se serrent, se pelotonnent au point que l’espace leur manque pour mettre en joue et même pour frapper à l’arme blanche les cavaliers qui pénètrent dans leurs rangs confondus. Les balles sont tirées en l’air, les coups de baïonnette, mal assurés, ne portent point. C’est pitié de voir les Anglais enfoncer et traverser ces belles divisions comme de misérables troupeaux. Ivres de carnage, s’animant à tuer, ils percent et taillent joyeusement dans le tas. Les colonnes se rompent, se tronçonnent, s’éparpillent et roulent en avalanche au bas du plateau sous le sabre des dragons. La brigade Bourgeois, qui s’est ralliée à la sablonnière, est mise en désordre et entraînée par les fuyards et les cavaliers pêle-mêle. La brigade Quiot abandonne l’attaque de la Haie-Sainte. Au-dessus de Papelotte, la division Durutte subit sur son flanc droit les charges des dragons de Vandeleur (11e, 12e et 13e régimens), secondés par les dragons hollandais et les hussards belges de Ghigny. Rien qu’entamée d’abord, elle se replie sans grosses pertes et en assez bon ordre et repasse le ravin, toujours entourée par la cavalerie. Il ne reste plus un seul Français sur les versans de Mont-Saint-Jean.