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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet.


Le ministère Brisson est embarqué pour une traversée plus ou moins longue, longue peut-être. Il a débuté par une majorité de 86 voix, ce qui est sans doute plus qu’il n’espérait, et plus même qu’il n’aurait été désirable pour lui, s’il préfère la solidité à la quantité. Le ministère Méline a commencé par une majorité faible, qui a été sans cesse en grandissant, et qui, même après l’épreuve électorale, ne s’est pas démentie : celle de M. Brisson ne peut guère augmenter, mais elle peut diminuer. On connaît l’histoire de ce directeur de théâtre qui, pour faire mieux sentir l’étendue de son succès, disait qu’il faisait plus que le maximum. Ces sortes de réussites se produisent quelquefois au Palais-Bourbon, mais elles n’ont pas toujours de lendemain.

La majorité de M. Brisson s’explique par deux motifs. Le premier est l’échec des combinaisons modérées qui avaient précédé la sienne. On n’a pas encore très bien compris pourquoi M. Ribot, chargé de former un ministère, est allé faire des offres à MM. Sarrien et Peytral, qui étaient absolument décidés à les décliner. L’un et l’autre se réservaient pour un cabinet radical. Les ministères composites, de conciliation ou de concentration, sont passés de mode. Si M. Ribot avait pris son parti de faire un ministère de Centre, sans entente avec les radicaux plus ou moins teintés de socialisme, il aurait réussi sans la moindre peine et il aurait eu, le lendemain, une majorité tout aussi nombreuse que celle de M. Brisson. Elle aurait été composée d’élémens un peu différens, mais pour le moins aussi fermes. L’échec de M. Ribot, suivi bientôt des allées et venues d’un certain nombre de progressistes qui se livraient à des flirts capricieux avec les radicaux, a augmenté le désordre moral. Les radicaux, après avoir suffisamment compromis deux ou trois modérés, leur ont adressé, — sans y mettre d’ailleurs aucune forme, — une sorte de : « Bonsoir, messieurs ! » Il était difficile d’être plus nettement congédié. Le parti progressiste s’en