de Serre, et pour rassurer l’opinion qu’alarmaient les modifications annoncées dans la loi électorale, il promettait des lois de liberté, le rappel des derniers bannis, supprimait la censure des journaux, réintégrait dans la Chambre des Pairs les huit membres de cette Chambre, contre qui avait été maintenue au mois de mars précédent l’exclusion prononcée en 1815, ces mesures ne ramenaient pas la Gauche, hypnotisée par la crainte de la réforme, et irritaient la Droite, plus que jamais asservie à la doctrine du Tout ou Rien.
Une autre circonstance vint accroître ces difficultés. La loi des élections qui aurait pu être adoptée, si on l’eût présentée aux Chambres dès la reprise de leurs travaux, — le 29 novembre, — quand les partis non encore initiés à leurs intentions réciproques se redoutaient et s’observaient, cette loi n’était pas prête. Les ministres n’avaient pu s’entendre sur le projet rédigé par de Serre. Ce projet modifiait la Charte en y introduisant le renouvellement intégral aux lieu et place du renouvellement partiel. Sur ce point, qui allait soulever tant de tempêtes, les ministres étaient d’accord. Mais de Serre avait imaginé, quant à l’organisation des collèges électoraux, un système impliquant, au profit d’une catégorie privilégiée d’électeurs, le droit de voter deux fois, que Decazes trouvait trop peu démocratique. Par suite de ces dissentimens, on ne parvenait pas à mettre la loi sur pied, et en même temps que, par ces retards, on accordait aux oppositions le temps de préparer leur résistance, on laissait passer le moment où il eût été aisé de tirer parti de leur défaut d’entente.
Dès le 10 décembre, à la Chambre des députés, l’élection des membres de la commission chargée de rédiger l’adresse annuelle en réponse au discours de la Couronne fournit aux opposans l’occasion de manifester. « Le choix de la commission n’est ni satisfaisant, ni de bon augure pour l’avenir, écrit le Roi à Decazes. Sur neuf membres, j’en compte quatre décidément mauvais, deux douteux, un tellement accoutumé à être hostile qu’il ne saura comment s’y prendre pour ne pas l’être, et un seul bon. O Torys ! ô Whigs ! où êtes-vous ? » Ce qu’il y a de plus grave, c’est que celui que désigne le Roi comme accoutumé à être hostile, c’est Lainé, son ancien ministre, naguère encore collègue de Decazes.
Le jour suivant, dans un début préparatoire, un des membres de la commission, Kératry, demande qu’un paragraphe de l’adresse soit consacré à signaler au Roi le péril que font courir à la religion