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1 080, en 1896, il est descendu à 686, et, dans cette même année les anciens élèves de l’Ecole Laval ont procuré les bienfaits de l’instruction à 14 000 enfans. Ce que je dirai, pour l’avoir vu, c’est que rien ne peut surpasser le zèle intelligent de M. l’abbé Rouleau, principal de l’école, admirablement secondé par des professeurs excellens. Je ne cite que le professeur d’écriture, M. Ahern, inventeur d’une méthode des plus ingénieuses, et le professeur de dessin, M. Lefèvre, parce que leurs travaux sont, plus que d’autres, abordables dans une rapide visite. M. Lefèvre est arrivé à vaincre l’indifférence que les Canadiens témoignaient pour un art inutile à leur gré en prouvant qu’il est au contraire « la base de tout travail manuel et indispensable à l’agriculteur, obligé bien souvent d’être son propre architecte, son propre menuisier, son propre arpenteur ». Il a maintenant de très bons élèves, qu’il fait profiter de l’expérience acquise dans une étude comparative des différens systèmes européens, une mission spéciale l’ayant conduit en Belgique, en Hollande, en Prusse, etc. La France surtout lui a fourni des exemples et il les applique avec un succès qui a été reconnu à l’Exposition de Chicago.

J’avoue que quelques-uns des apprentis instituteurs m’ont paru un peu lourds et timides ; les enfans de l’école annexe auxquels ils faisaient la classe semblaient plus éveillés qu’eux-mêmes ; mais la conscience et la bonne volonté existent, il est facile de s’en rendre compte, chez ces braves jeunes gens, et ce qu’on me dit de leur valeur morale suffit pour inspirer confiance. Après tout, ce n’est pas de l’éclat et du brio qu’on leur demande, il s’agit de donner les clartés indispensables à une population très simple, très pieuse, très indifférente aux innovations de tous genres. La détourner de l’agriculture serait anti-national ; le comité catholique tient à ce que des cours aussi complets que possible, des manuels préparés avec soin, développent de plus en plus chez le Canadien l’amour de la terre.

Soixante-quinze diplômés, en moyenne, sortent chaque année de l’école. La préparation au brevet d’école primaire dure un an ; d’école modèle, deux ans ; d’école académique, trois ans. Les jeunes filles ont les mêmes professeurs que les garçons ; elles enseignent à une école annexe fréquentée par plus de 160 enfans, sous la direction du principal et des révérendes Dames Ursulines qui répondent d’elles moralement. Elles aussi ont pris le goût d’un certain genre de dessin ; le temps que les garçons donnent aux