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académique a lieu dans la grande salle de réception ; des croix de Malte, des décorations d’honneur sont conférées aux membres de cette association, sans préjudice, bien entendu, de la distribution des prix et des brevets à la fin de l’année scolaire. Celle-ci commence le 1er septembre et se termine vers la fin de juin. Dans tous les couvens canadiens, le travail manuel est tenu en estime ; il y a des classes spéciales où les élèves font non seulement des broderies et autres ouvrages de luxe, mais du linge et des robes ; elles reçoivent des leçons d’économie pratique, obligées à de certains nettoyages, conduites par groupes à la cuisine, etc. L’essentiel pour les Ursulines est de former des chrétiennes, des femmes d’intérieur et des femmes du monde dans la meilleure acception du mot, capables de s’acquitter dignement, comme on disait jadis, des devoirs de leur état. Elles y parviennent à souhait ; j’en ai jugé par leurs élèves rencontrées de côté et d’autre.

Les Ursulines de Québec et le magnifique couvent de Villa-Maria, de la Congrégation de Notre-Dame, qui occupe, près de Montréal, Monklands, l’ancienne résidence du gouverneur général, sont les deux pensionnats aristocratiques du Canada ; ils admettent des élèves protestantes, dont un bon nombre vient des Etats-Unis, pour apprendre la langue sans doute, la conversation en français étant obligatoire, mais aussi peut-être pour s’y plier à ces habitudes de discipline que certaines familles préfèrent encore à des talens virils. Il va sans dire que le niveau des études est au-dessous de celui de la moindre université américaine, mais il atteint celui des meilleurs couvens d’Europe, et l’hygiène y est peut-être plus qu’en Europe un sujet de préoccupation. Villa-Maria, par exemple, n’a rien à envier aux collèges les mieux situés. Sous les arbres superbes d’un parc qui couvre la montagne, les jeunes filles peuvent faire de longues promenades ; elles ont un petit lac pour y ramer, et tous les engins de gymnastique et de sport, — sauf, jusqu’ici, la bicyclette.

Un autre couvent, situé en pleine campagne, à la même distance de Québec que Villa-Maria de Montréal, c’est Sillery, dirigé par les religieuses de Jésus-Marie. Leur mode d’enseignement me semble assez particulier. Les matières sont divisées par cours, et tous les cours indépendans les uns des autres, afin de permettre aux élèves d’avancer chacune suivant ses aptitudes naturelles. Ainsi une élève qui a des dispositions pour la littérature n’est pas empêchée de progresser en cette branche parce que son ignorance