étant de lui, à propos de la première messe qu’il célébra dans la chapelle neuve de Chicoutimi : « La croix du clocher nouveau a été saluée de trente-trois martres, par tous les sauvages charmés du coq. »
Une physionomie bien expressive est celle de Mgr de Laval, dans la galerie où se trouvent réunis les portraits des évêques de Québec, mal peints pour la plupart, mais possédant du moins cette qualité que ne peuvent pas toujours revendiquer les véritables œuvres d’art, la plus impitoyable ressemblance. L’esprit de domination qui s’alliait chez lui à d’ascétiques vertus éclate dans cet œil saillant, sur ce vaste front où sont marquées une vigoureuse intelligence et une énergie invincible. Il appartient à la maison de Montmorency et a toute la mine d’un grand seigneur. Le nez énorme se recourbe sur une bouche qui veut et qui ordonne. Type d’homme d’Etat autant que de prêtre. Sa charité, les macérations qu’il s’imposait, tous les détails de sa conduite privée sont d’un saint ; les pièces relatives à sa canonisation ont même été présentées à Rome, mais, avant que soit instruit le procès, on peut dire que, lorsqu’il s’agissait d’affirmer son autorité, de tenir tête au gouverneur, de faire prévaloir les jésuites, d’abaisser les récollets ou de défendre les droits de son séminaire, Mgr de Laval ne péchait pas par excès de douceur. Il poursuivait sans relâche un but de centralisation qui se trouvait d’accord avec les désirs du roi. L’instruction publique fut aussi l’un des grands intérêts de sa vie. Non content de former des prêtres, il fonda sur ses terres pour les colons de condition modeste une sorte de ferme-école où les élémens de l’instruction primaire étaient donnés à chaque élève avec des connaissances agricoles et l’initiation à divers métiers. C’était là en effet l’essentiel pour la majorité des Canadiens, et on peut regretter que cette première école industrielle de Saint-Joachim n’ait pas jeté de profondes racines. Elle était d’autant plus indispensable, au moment de sa création, que les garçons du peuple n’avaient aucun moyen de s’instruire hors des villes.
Les jeunes filles de la même classe furent beaucoup mieux partagées, grâce à l’admirable congrégation de Notre-Dame, fondée par Marguerite Bourgeoys. On assure qu’en arrivant à Montréal avec Mlle Mance, elle ne possédait que dix francs, mais de nombreuses protections s’étendirent sur son œuvre humblement commencée dans une étable. Aujourd’hui et depuis longtemps, le grain