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Antonins, elle était bien loin d’être usuelle ; et l’on voit le célèbre médecin Galien la mentionner comme une mesure exceptionnelle pour l’appréciation exacte de la durée des accès de fièvre.

Longtemps après l’invention des horloges, et presque jusqu’à la période contemporaine, où la vulgarisation des montres en rendit la continuation impossible, l’usage se conserva des heures inégales, ou temporaires. On persistait à vouloir qu’elles s’étendissent en même nombre sur la durée changeante du jour solaire.

Les contemporains de Dante, selon M. de Nordling, entendaient que les pendules marchassent de façon à parcourir toujours douze heures du lever au coucher du soleil. C’était là une exigence absurde, puisque l’on demandait à un instrument, dont le principe est la régularité, de se comporter différemment le jour et la nuit. Il fallait donc y retoucher sans cesse, le soir et le matin.

A la longue, on se lassa pourtant de cette vaine besogne. On finit par laisser les horloges marcher d’un train égal, et indiquer, pendant un jour entier, d’un lever du soleil à l’autre, ou mieux d’un midi à l’autre, des heures uniformes, des heures équinoxiales. On ne les réglait plus qu’une fois, et au midi au lieu du lever ou du coucher du soleil, parce que ce point culminant de la course est plus facile à saisir avec précision que l’apparition de l’astre au-dessus d’un horizon souvent brumeux ou opaque. Au lieu d’exiger que le soleil se levât ou se couchât à une même heure numérotée du même nombre, on consentit qu’il se levât à des heures différentes suivant les saisons ; qu’il brillât dans le ciel pendant un nombre variable de ces unités de temps. En d’autres termes, on adopta le temps solaire vrai ; l’heure en fut la vingt-quatrième partie. Le passage du soleil au méridien, dans le plan du Zénith, donna le midi vrai, et c’est sur cet instant que se sont réglées les montres et les horloges, pendant longtemps et — pour parler avec précision — jusqu’en 1816, d’une manière officielle, mais en réalité beaucoup plus tard encore.


II. — NOTATION DES HEURES. — LE SYSTÈME DES VINGT-QUATRE HEURES.

Le jour ainsi réglé sur le soleil amène toutes les vingt-quatre heures un changement de date. Le nom et le quantième se remplacent brusquement par le nom et le numéro suivans. Le moment de ce « saut de date » marque le début du nouveau jour civil et, en fait, la véritable origine des heures. Son choix