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conseils d’une compagnie maîtresse d’une voie navigable qui leur était indispensable ; le krach khédivial favorisa leurs desseins. Telle doit être exactement la ligne de conduite à adopter et nous devons tout mettre en œuvre pour arriver à obtenir dans la compagnie du chemin de fer du Pool une place prépondérante[1]. L’Angleterre, déjà maîtresse du Nil et du Niger, convoite la dernière des trois grandes artères fluviales de l’Afrique, et il faudra faire bonne garde pour l’empêcher de s’y implanter. La moindre ingérence de sa part dans les affaires de l’Etat Indépendant, et sous quelque forme que ce soit, aurait les plus funestes conséquences. Oublions donc nos petites difficultés avec nos voisins de l’Escaut et du Congo et quand, en 1900, à l’expiration du délai fixé par la convention de 1890, la Belgique sera appelée à se prononcer définitivement sur l’annexion de l’Etat Indépendant, ne suscitons à ses desseins aucune mesquine opposition. L’État Indépendant est une anomalie trop grande dans notre droit international moderne pour que son existence puisse se prolonger indéfiniment ; toute désagrégation, toute liquidation, même partielle, de ce vaste domaine profiterait plus à l’Angleterre qu’à la France, en dépit de notre droit de préemption, et ce serait la plus imprévoyante des politiques que celle qui aurait pour résultat d’augmenter en Afrique nos points de contact avec l’Anglais.


COMTE HENRY DE CASTRIES.

  1. Est-il besoin de dire que nous ne souhaitons pas un krach sur les valeurs congolaises ? mais, si ces valeurs subissaient une crise même momentanée, il y aurait pour nous une occasion qu’il ne faudrait pas laisser échapper.