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PAYSANS ET OUVRIERS
DEPUIS SEPT SIÈCLES

III.[1]
LES FRAIS DE NOURRITURE AU MOYEN AGE

Pas plus pour les paysans que pour les ouvriers, les recettes n’augmentent ni ne diminuent proportionnellement aux dépenses, et la célèbre « loi d’airain » n’a jamais existé que dans l’imagination de quelques personnes.

Le taux des salaires et celui des denrées obéissent à des lois différentes ; il y a eu des heures où les recettes du journalier s’élevaient au quart de leur chiffre actuel, tandis que ses dépenses étaient six fois plus faibles qu’aujourd’hui. Il y a eu d’autres heures où les salaires étaient trois fois moindres qu’à présent, mais où le prix des vivres de première nécessité était inférieur de moitié seulement à ce qu’il est en 1898. Suivant que la hausse ou la baisse portaient sur tel ou tel objet, sur les blés par exemple, ou sur le loyer de la terre, elles affectaient tantôt les ouvriers et tantôt les propriétaires. Ainsi, le coût de la vie était, à la fin du XVIe siècle, deux fois et demie moindre que de nos jours ; parce qu’on se procurait à cette époque, avec une somme déterminée, deux fois et demie plus de marchandises qu’on n’en pourrait

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 octobre 1896.