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REVUE MUSICALE

MUSIQUE ITALIENNE ET MUSICIENS ALLEMANDS

CONCERTS DU CONSERVATOIRE : Trois pièces religieuses de Verdi. — Chefs d’orchestre allemands : MM. Richard Strauss, Félix Weingartner, Félix Mottl et Hans Richter.


Les fêtes de Pâques et celles des jours qui précèdent sont touchantes deux fois : par la sainteté des anniversaires et par la douceur de la saison. Entre la beauté des mystères et celle du printemps qui les rappelle, il y a je ne sais quelle secrète conformité. Wagner a délicieusement exprimé dans l’Enchantement du Vendredi Saint cette profonde et attendrissante sympathie. Elle est sensible également, quoique d’autre sorte, dans la musique italienne. C’est à certaines œuvres du génie italien, éclatantes de douleur ou de joie, mais toujours éclatantes, que nous reportent les jours sacrés. C’est d’Italie surtout, c’est de la nature ou de l’art italien que le désir se ranime en nous, au retour d’avril. Chaque année, le Vendredi Saint, nous allions naguère écouter à Saint-Eustache le Stabat Mater de Rossini. Une grande artiste, fille d’un artiste plus grand encore[1], emplissait l’immense vaisseau de sa voix, comme cette musique même, chaude, rayonnante et triomphale. C’est au printemps que nous vint d’Italie l’admirable messe de Requiem à la mémoire de Manzoni. Et pour nos dernières Pâques, l’illustre auteur de ce Requiem a bien voulu nous donner la primeur de

  1. Mme la baronne de Caters, née Lablache.