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plat et, par suite, d’employer les semoirs, les moissonneuses qui fonctionnent mal sur des planches bombées.

Lorsque le sous-sol imperméable est recouvert d’une épaisse couche de terre végétale, la culture du blé rencontre des conditions absolument favorables. Tel est le cas de la Limagne d’Auvergne, dont les récoltes de blé étaient déjà célèbres à l’époque romaine.

A bien des reprises différentes, j’y ai fait exécuter des fouilles pour suivre le développement des racines ; celles du blé, fines, menues, d’une extrême longueur, descendent verticalement jusqu’à plus d’un mètre et, dans plusieurs pièces, atteignent une couche de sable toujours humide, car elle repose sur un lit d’argile. Par places, l’eau est si abondante que les roseaux se mêlent aux épis ; ces deux plantes ne se gênent pas, et j’ai vu, dans d’admirables champs de blé, la couleur verte des roseaux se marier aux nuances dorées de la moisson en pleine maturité.

L’eau souterraine remonte difficilement dans cette terre noire, pulvérulente, où les forces capillaires sont peu énergiques, et les betteraves, qui n’envoient pas leurs racines jusqu’à la couche humide, pâtissent en Limagne pendant les années de sécheresse.

La couche arable est parfois si épaisse dans les terres fortes du Nord et du Pas-de-Calais que sa hauteur annule l’influence du sous-sol, et qu’on draine partout avec avantage. Après ce travail, ces terres toujours humides, mais bien aérées, présentent les conditions les plus favorables à la culture des céréales et des racines ; j’y ai vu l’hectare produire de 40 à 45 tonnes de betterave à sucre et, dans les bonnes années, près de 50 quintaux de blé ; récoltes admirables que je n’ai jamais constatées que dans cette partie de la France.

Ce n’est cependant pas encore dans ces sols argileux, où l’approvisionnement d’eau est suffisant pour la grande culture, que s’établissent les praticiens qui savent tirer du sol le maximum de matière végétale.

Il faut à la culture maraîchère des arrosages constans ; aussi elle ne prospère que là où les eaux abondantes peuvent être aisément remontées à la surface du sol ; comme son nom l’indique, elle choisit pour ses jardins les sols assainis, riches en humus, des anciens marais.

Ce n’est plus 1 000 ou 1 500 francs que les jardiniers font produire à l’hectare, c’est 2 000, 3 000, jusqu’à 5 000 francs. Ils y