on décomposa le sulfate de fer, et la culture redevint possible.
Une dose un peu forte de sel rend aussi le sol stérile ; parfois le sel n’apparaît que par places isolées dont la nudité contraste avec la végétation puissante du reste du champ. Ce sont les salans communs dans les plaines basses de l’Hérault. L’eau de la mer s’infiltre dans le sous-sol et, là où la terre est tassée, remonte jusqu’à la surface, s’y concentre par évaporation et amène la mort de toutes les plantes.
Quand tout le sous-sol est occupé par des eaux salées, la culture n’est possible qu’autant qu’on procède à un dessalage régulier. C’est le cas de la Camargue. Formé par les alluvions du Rhône, son sol présente une grande richesse, mais les eaux souterraines chargées de sel remontent par capillarité jusqu’à la surface, s’y évaporent et abandonnent une multitude de petits cristaux de sel qu’on voit miroiter au soleil.
Pour tirer parti de ces vastes régions longtemps abandonnées, il faut dessaler les couches superficielles et empêcher que les sels des parties basses ne les envahissent de nouveau. M. Hardon, ingénieur des arts et manufactures, a réussi à établir un luxuriant vignoble sur une propriété voisine du Rhône, en faisant arriver ses eaux limoneuses à la surface des champs à assainir ; après avoir déposé les matières solides qu’elles charrient, les eaux s’infiltrent et dissolvent le sel ; on évacue ces dissolutions par de nombreux fossés, par des drains jusqu’à un émissaire dont les eaux sont rejetées au Rhône à l’aide d’une machine élévatoire. Pendant les premières années, il faut maintenir le sol constamment humide ; on peut cependant utiliser les terres détrempées en y établissant des rizières, dont les produits couvrent partiellement les dépenses d’assainissement ; c’est seulement quand celui-ci est complet, qu’on plante la vigne.
Il faut toujours être en garde contre les retours possibles des eaux salées ; on ne se borne pas à arroser souvent, à maintenir les drains et les fossés en parfait état, on couvre encore le sol de ces roseaux, communs dans les parties marécageuses de la Camargue, et en outre, après chaque arrosage, on ameublit la surface du sol pour rompre la capillarité et empêcher l’ascension de l’eau souterraine jusqu’à la surface, sans cesse desséchée par les rayons d’un soleil brûlant.
M. Gaston Gautier a donné aussi un très bel exemple de mise en culture de terrains salés. Comme M. Hardon, il a pu, à l’aide