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La terre franche immobile, continue, offre un appui solide aux racines, qui n’y sont pas découvertes par le vent, comme dans les sables, ou brisées par les retraits que subissent, pendant la dessiccation, les terres trop argileuses ; ces racines trouvent à s’abreuver dans les réserves d’humidité qui se logent entre les particules de terre et les micro-organismes y travaillent, car l’air s’y renouvelle sans peine.

Toutes ces qualités précieuses s’amoindrissent dans les terres où les quatre élémens ne sont plus dans un juste équilibre, mais où l’un d’eux domine. Les terres sablonneuses, formant le groupe des terres légères, sont très filtrantes ; l’approvisionnement d’eau est souvent insuffisant, les plantes pâtissent des longues sécheresses ; dans celles, au contraire, où l’argile domine, c’est l’excès d’humidité qui est à craindre, comme il l’est dans les terres humifères, qui ne deviennent fertiles que lorsqu’elles sont assainies par des drains ou des fossés.

Le bulletin d’analyse nous donnant la composition physique du sol, nous indique à quelle classe il appartient, et nous en pouvons déduire la nature des travaux à effectuer, des amendemens à répandre ; il nous donne en outre la composition chimique du sol ; l’analyste y a inscrit la quantité d’azote, d’acide phosphorique, de potasse, que renferme un kilogramme de la terre étudiée.

La richesse en azote des terres arables varie entre des limites très écartées ; elle dépend bien plus de la nature des cultures que de l’abondance des engrais distribués.

Les terres des prairies permanentes sont de beaucoup les plus riches ; on y trouve, par kilogramme : 5, 7, 9 et 10 grammes d’azote, faisant partie intégrante de l’humus. Les fermens fixateurs d’azote de M. Berthelol y pullulent depuis des siècles, et comme les agens de mobilisation de l’azote, les fermens nitriques qui amènent la matière organique azotée à une forme essentiellement assimilable par les végétaux, mais aussi entraînable par les eaux, ne peuvent s’y établir, l’enrichissement dépasse de beaucoup la déperdition, et la matière azotée s’accumule. On trouve jusqu’à 9 millièmes d’azote dans les sols des montagnes d’Auvergne dont l’herbe est pâturée par les vaches pendant toute la belle saison ; ils n’ont jamais reçu d’autres engrais que les déjections des animaux qui, naturellement, ne restituent qu’une fraction de l’azote contenu dans l’herbe consommée, et cependant