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marbre, elles y rampent, s’y incrustent et y tracent, en dissolvant le calcaire, de légers sillons, qui reproduisent jusque dans leurs moindres détails les fines ramifications du chevelu.

Quel est cet acide sécrété par les racines ? On ne le sait pas bien. D’après un agronome anglais, M. Dyer, ce serait de l’acide citrique, et, s’appuyant sur cette hypothèse, M. Dyer a proposé de doser les phosphates assimilables que renferme le sol en laissant une centaine de grammes de celui-ci pendant quelques heures en contact avec de l’eau additionnée d’un centième d’acide citrique. On suppose que son action dissolvante serait analogue à celle des acides des racines, et de fait, les conclusions déduites de ce mode de recherche cadrent bien avec celles que fournit la culture des terres examinées.

Bien qu’une importante fraction de la potasse contenue dans la terre provienne, ainsi qu’il a été dit plus haut, de la décomposition des roches feldspathiques par l’acide carbonique, que cette potasse se trouve par conséquent dans le sol à l’état de carbonate de potasse essentiellement soluble, on n’en dissout ordinairement que des quantités insignifiantes quand on se borne à laver la terre avec un faible volume d’eau ; le carbonate de potasse résiste à l’action dissolvante parce qu’il est retenu par une propriété particulière de la terre, désignée sous le nom de propriété absorbante, facile à mettre en évidence. Si, en effet, on fait filtrer une dissolution de carbonate de potasse d’une teneur bien déterminée, au travers d’une terre placée dans un entonnoir, on reconnaît que l’eau d’égouttement est plus pauvre que la dissolution primitive. Il ne s’agit là que d’une simple attraction capillaire, facile à vaincre. On y réussit, soit en employant au lavage de la terre un volume d’eau cinq à dix fois supérieur au sien, ou encore (comme je l’ai montré depuis plusieurs années déjà) en substituant à l’eau pure des dissolutions de sulfate de chaux ou de magnésie qui métamorphosent en sulfate, très mal retenu, le carbonate de potasse de la terre. Par l’une ou l’autre de ces méthodes, on extrait de la plupart des terres des quantités notables de potasse. L’eau, aiguisée d’acide citrique, imitant l’action des racines, en dissout également, et on conçoit qu’avant de se résoudre à acquérir des engrais de potasse, on commence par chercher, à l’aide d’un des procédés indiqués, si la terre analysée n’est pas assez riche pour rendre cette acquisition inutile.

En résumé, on voit que, si dans certains cas l’analyse chimique