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le sable du désert, et le vieux dicton, « l’Egypte est un présent du Nil », est aussi vrai aujourd’hui que par le passé.

En résumé, les terres meubles que nous cultivons présentent des constitutions qui varient tellement avec la nature des roches qui les ont formées et avec les remaniemens que les eaux leur ont fait subir, que, pour arriver à une connaissance précise de ces terres, pour établir judicieusement leur culture, pour décider quels amendemens, quels engrais leur conviennent, il est nécessaire de déterminer leur composition, de procéder à leur analyse.


II. — ANALYSE DES TERRES

Aussitôt que, vers 1820, les chimistes eurent imaginé les procédés de l’analyse minérale, ils les appliquèrent à l’étude des terres arables ; ils y dosèrent minutieusement tous les élémens dont elles sont formées : la silice, l’alumine, la chaux, l’oxyde de fer, la magnésie, la potasse, etc. Contrairement à ce qu’on avait espéré, ce long et fastidieux travail se trouva inutile ; on reconnut qu’il n’y avait aucun rapprochement à faire entre la composition élémentaire d’une terre et sa fertilité.

Les analyses de terre n’éclairèrent les praticiens que lorsque, les conditions de vie de la plante ayant été découvertes, on put préciser la nature des alimens que le sol doit lui fournir.

Sa faculté de retenir l’eau dérive des proportions dans lesquelles y sont mélangés le sable, l’argile, le calcaire et l’humus ; la détermination de ces principes présente, par suite, un vif intérêt. Leur dosage, l’analyse physique de la terre, même quand elle indique la prédominance exagérée d’un élément sur les autres, ne conduit pas toujours à la résolution de modifier artificiellement sa composition. Ajouter du sable aux terres très argileuses, ou de l’argile à celles qui sont chargées de sable, est en général trop coûteux pour que l’opération soit fructueuse. Il n’en est plus de même pour le calcaire et l’humus ; quand leur insuffisance est signalée par l’analyse, il est avantageux de marner, de chauler ; ou encore d’enfouir des engrais verts et de forcer les doses de fumier. Les analyses physiques des terres sont complétées par la recherche des substances qui servent d’alimens aux végétaux. On dose : l’azote, qui forme un des principes constitutifs de l’humus ; l’acide phosphorique, la potasse et, plus rarement, la magnésie.