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réduite en poudre, c’est le sable ; hydratée, enfin, c’est une substance légère à apparence gélatineuse, qui se durcit parfois, présente de jolies irisations et devient pierre recherchée, sous le nom d’opale.

La décomposition du silicate de potasse, dissous par l’acide carbonique, est terminée en quelques instans ; bien plus lente et plus difficile est celle de ce même silicate quand, uni au silicate d’alumine, il constitue le feldspath. On conçoit cependant que cette même réaction détermine la dissolution de la potasse, l’entraînement de la silice, laissant comme résidu du silicate d’alumine ou argile. Ses aspects varient ; la décomposition des feldspaths ne renfermant pas d’oxyde de fer donne cette argile blanche admirablement plastique, employée sous le nom de kaolin, à la fabrication des porcelaines : l’altération des feldspaths ferrugineux produit la terre glaise des potiers, ou l’argile de nos champs : grise, quand l’oxyde de fer qu’elle renferme n’est pas suroxydé, elle devient rouge par la cuisson, et c’est alors la brique, ou reste simplement ocreuse quand, exposée à l’air humide dans nos sillons, lentement elle se sature d’oxygène.

Les roches primitives, les basaltes ou les trachytes des volcans, renferment tous du silicate d’alumine et, par suite, donnent par leur altération de l’argile ; on conçoit dès lors que, très répandue, elle soit partie intégrante de la couche meuble que nous cultivons.

Le troisième élément qui la constitue provient de réactions semblables ; il est dû à l’altération des silicates renfermant, outre l’alumine, une forte proportion de chaux, tels que le pyroxène, l’amphibole, le péridot. Soumises à l’influence des eaux chargées d’acide carbonique, ces substances se sont décomposées abandonnant, d’une part, de l’argile ; de l’autre, du calcaire.

Les notions précédentes suffisent à faire concevoir comment, sous l’influence des agens atmosphériques, les roches se sont altérées, corrodées, décomposées, de façon à laisser, comme résidu de leur décomposition, un mélange de sable, d’argile et de calcaire assez meuble pour être entamé par nos instrumens, retenir l’humidité et porter des récoltes. Mais si dans quelques-unes de nos provinces : Bretagne, Limousin, Vosges, Auvergne, la culture s’établit sur la mince couche de terre végétale produite par l’altération des roches primitives, dans un grand nombre d’autres contrées, la terre, plus épaisse, provient de la