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LA SCIENCE ET L'AGRICULTURE

LA TERRE ARABLE

L’expérience a montré depuis un temps immémorial que toutes les terres n’ont pas la même valeur ; que, s’il en est de fertiles, d’autres sont ingrates ; et cependant il faut arriver jusqu’à la moitié de ce siècle pour voir la science agricole se constituer et l’étude méthodique de la terre arable servir de guide aux praticiens.

Les progrès de cette étude ont découlé d’abord de la connaissance, lentement acquise, des conditions d’existence de la plante, notamment de son alimentation ; nous savons aujourd’hui que les végétaux ne prospèrent qu’autant qu’ils trouvent à portée de leurs racines des matières azotées solubles : nitrates, ou sels ammoniacaux, et en outre, certaines substances minérales : phosphates, sels de potasse, de chaux, et de magnésie. De ces notions nouvelles, est né le commerce des engrais. On a compris que, pour tirer de la terre d’abondantes récoltes, il fallait ajouter les alimens végétaux qui y font défaut, et on a constaté, en effet, que leur épandage élevait les rendemens dans une mesure inespérée.

On a cherché des gisemens des matières premières propres à la fabrication de ces engrais ; on les a trouvés, et comme notre pays est aujourd’hui couvert d’un réseau de chemins de fer à mailles serrées, il est facile de faire arriver les engrais jusqu’aux champs où ils doivent être épandus.

Le commerce de ces matières fertilisantes s’est moralisé, par suite accru, et on peut dire, sans aucune exagération, qu’aujourd’hui la question des engrais est résolue[1]. Elle est résolue au

  1. Voyez la Revue du 15 juillet et du 15 août 1894.