Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 147.djvu/620

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« moderniste » dans le Tarascone de M. Édouard Sain, et à quoi ont servi, pour figurer ces danseurs de Capri, toutes les révolutions esthétiques qui se sont succédé depuis les Moissonneurs de Léopold Robert ? Qu’a de moderniste le Parc , de M. Firmin-Girard et qu’était-il besoin des théories du plein-air pour aboutir à la Partie intéressée de M. Lestrel ? D’autre part, dans le Salon prétendu classique des Champs-Élysées, que vient faire l’ Epopée de M. Bussière qui eût provoqué l’admiration des habitués de la Rose-Croix, ou la Loïe Fuller de M. Kronberg qui eût enrichi l’Exposition des Inquiets  ?

Dans ce désordre des recherches et dans cette universalité des tentatives, si l’on voulait examiner toutes les questions posées par les œuvres, on écrirait toute une Esthétique. Depuis la question du mélange optique des couleurs, que continuent à soulever les toiles de MM. Claus et Sisley, jusqu’à celle de l’anachronisme dans l’art religieux, que soulèvent encore MM. Dagnan-Bouveret, Gari-Melchers et Leempoels, et depuis celle de la valeur esthétique du vêtement moderne, que les statues de MM. Carnot et de Mores nous pressent de résoudre, jusqu’à la discussion du mot fameux de Pascal, que renouvelleraient, avec un exemple magnifique, les chaudrons de M. Bail, tous les vieux débats d’antan trouveraient une ample matière, tandis qu’à propos de la représentation des hommes préhistoriques par M. Cormon et des cités lacustres par M. Jamin, quelques nouveaux débats pourraient s’établir. Mais ce n’est point sur ces œuvres que se sont surtout attachés les yeux et ce ne sont point les problèmes qui aient touché les cœurs. Ce qu’on a le plus regardé, cette année, c’est autre chose. Ce sont les Portraits d’Hommes .

Il y en a beaucoup à la Galerie des Machines, et de fort notables, tant présentés comme portraits que groupés dans des scènes, comme l’a fait par exemple M. Roybet, en sa Leçon d’astronomie , ou M. Dagnan-Bouveret, dans ses Pèlerins d’Emmaüs. C’est une curieuse galerie que celle où l’on voit MM. le prince d’Arenberg et le feu duc de Doudeauville par M. Aimé Morot, M. Jules Lemaître par M. Humbert, M. le général Davout, duc d’Auerstaedt par M. Bonnat, M. Vigneron et quelques grands artistes actuels par M. Roybet, M. Édouard Rod par M. Giron, et M. Maurice Barrès par M. Desboutin, M. Richepin par M. Stevens, MM. Rochefort et Gladstone par M. Hamilton, le poète Drachmann par M. Kroyer, M. Eugène Lomont par M. Ménard, M.