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par l’Empereur le 9 juillet 1888, modifia la loi sur le service militaire obligatoire en ce qui concerne les volontaires de la marine. En 1896, la « flotte volontaire russe » se composait[1] de treize steamers, dont quatre en construction. La loi autrichienne du 27 décembre 1893, en accordant certaines primes à la navigation et à l’armement, ajoute : « Les armateurs qui jouissent de ces faveurs pour leurs navires sont tenus, en cas de guerre et de mobilisation, de les mettre à la disposition de l’Etat, moyennant une juste indemnité. » Au début de la dernière guerre gréco-turque, la Turquie avait nolisé de petits navires pour courir sus aux bateaux grecs et nous ne savons pas même au juste si le Sultan leur avait délivré des lettres de marque[2]. La Grèce tenta, de son côté, d’organiser une marine volontaire : plusieurs navires de commerce transformés en croiseurs devaient former une division nouvelle de sa flotte[3]. Enfin, la France ne se borne pas à exercer un droit de réquisition sur tous les navires de commerce en cas de guerre ; elle accorde, par sa loi du 30 janvier 1893, une surprime de navigation de 25 pour 100 aux navires à vapeur construits sur des plans préalablement approuvés par le département de la marine[4]. « L’élévation de cette surprime, écrivait le 27 septembre 1893 notre ministre de la marine aux officiers généraux supérieurs et autres commandant à la mer, a eu pour but d’encourager la construction de bâtimens à vapeur à grande marche que l’Etat pourrait, en temps de guerre, utiliser comme croiseurs auxiliaires ; elle permet d’exiger des navires appelés à en bénéficier des qualités meilleures et notamment une vitesse plus considérable. »

L’ensemble de ces mesures inspire à quelques publicistes de sombres réflexions. « Les puissances maritimes, a dit M. Th. Funck-Brentano, professeur à l’Ecole libre des Sciences politiques, abolissent en fait la déclaration de Paris, qui abolissait elle-même la course : les noms seuls sont changés ; les corsaires s’appelleront des croiseurs, les lettres de marque seront remplacées par des patentes de commission et les capitaines corsaires deviendront

  1. Voir, pour de plus amples renseignemens sur la flotte volontaire russe, le chapitre du Statesman’s handbook for Russia, de M. le secrétaire d’État de Koulomesine, intitulé : The naval forces.
  2. Le gouvernement hellénique avisa les ambassadeurs que la Porte avait organisé une expédition de pirates (l’Acropolis du 19 juin/1er juillet 1897).
  3. Le Messager d’Athènes du 12/24 avril 1897.
  4. La loi du 29 janvier 1881 n’accordait qu’une surprime de 15 p. 100.