preuve est faite que, dans les grandes lois générales de proportion, et par conséquent de beauté, tous les types en découleront désormais, et que l’architecture en conservera le signe originel sous toutes les transformations. Peut-être ces trois anciens symboles sont-ils les révélations premières de simples lois statiques. Les trois dimensions de hauteur, de largeur et de profondeur, les seules que notre esprit puisse concevoir, sont une trinité physique absolue. Et voici que l’histoire de l’architecture apporte la première preuve, et la plus palpable, à cette moderne affirmation de la continuité de l’idée, — dans la continuation de l’espèce, — à travers l’histoire des races, des arts et des sciences. L’enceinte triple du temple de Salomon engendrera, sous l’influence de la transformation dogmatique et sociale, les trois nefs de la cathédrale chrétienne. Entre les deux types, tous deux d’origine asiatique, se sera lentement formé le temple grec, avec sa cella flanquée des deux péristyles latéraux à colonnades. Et l’Église, qui moralement sort du temple de Salomon, architecturalement sort du temple païen[1]. Bientôt le Christianisme entrera triomphalement dans la société, telle que l’aura constituée la puissante civilisation romaine. Le Christ vainqueur passera sous l’arc aux trois portes des Césars, et, dix siècles plus tard, la façade des cathédrales gothiques ouvrira encore, au milieu des villes, ses trois baies ogivales, pleines d’ombre, de statues et de mystère, par où sortira Dieu sur la place populaire, par où rentrera la foule dans la maison protectrice du Seigneur : au milieu la porte du clergé, porteur des reliques, à droite la porte des hommes, à gauche la porte des femmes.
De la trinité des ordres antiques, sortira de nouveau l’art moderne, comme le triangle, dans la colossale pyramide égyptienne, ou dans le noble fronton grec, sera la figure génératrice, l’idée mathématiquement exprimée, en un mot le symbole. En ce sens, la colonne grecque est à la fois le plus beau symbole et la plus fière réalité. Image du tronc primitif dans la forêt inanimée, et de la tête de l’être vivant, elle porte, elle demeure, elle vit. C’est l’arbre avec quelque chose d’humain. Toutes les races antérieures aux Grecs l’avaient pressentie et ébauchée en des exemples, toujours par quelque côté imparfaits. Seul ce petit peuple dorien, envahissant et sobre, résumant d’un coup
- ↑ On a dit que l’église est un temple à l’envers, où les colonnes du péristyle extérieur sont devenues les piliers de la nef intérieure.