Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 147.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SOUVENIRS ET CONVERSATIONS
DU
MARÉCHAL CANROBERT[1]

LE LIEUTENANT CANROBERT EN 1830

J’ai eu l’honneur d’être en relations quotidiennes avec le Maréchal Canrobert, dans les dernières années de sa vie, et de recueillir de sa bouche une grande partie de ses souvenirs.

Voici comment il me racontait les événemens des journées de Juillet dont il avait été le témoin.


GERMAIN BAPST.


A la fin du printemps de 1830, mon régiment en garnison à Clermont-Ferrand reçut l’ordre de se rendre à Lyon. Nous y fûmes bien accueillis ; mais tout en y trouvant les agrémens qu’offre toujours une grande ville aux officiers, je n’en continuai pas moins à me conformer aux habitudes que comportait ma situation de fortune. Je n’allais guère dans le monde, je vivais toujours très modestement, consacrant mes loisirs à la lecture de l’histoire, sans regarder les journaux. Aussi étais-je assez ignorant des choses de la politique.

Je fus donc tout surpris lorsque arriva la nouvelle des Ordonnances et des premiers soulèvemens de Paris.

Le jour qui suivit, — c’était le 29 juillet, — les troupes ne

  1. Nous devons communication de ces pages si vivantes à l’obligeance de la maison Plon, qui doit prochainement publier tout un volume sous ce titre : le Maréchal Canrobert, souvenirs d’un siècle.