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dans les tissus en activité, sans être actuellement identifiables aux types connus des phénomènes physiques, chimiques, mécaniques ; ce sont les actes le plus souvent silencieux et invisibles par eux-mêmes et que nous ne reconnaissons guère qu’à leurs effets, après qu’ils ont abouti aux formes phénoménales familières ; c’est tout ce qui se passe, par exemple, dans le muscle qui prépare son raccourcissement, dans le nerf qui conduit l’influx nerveux, dans la glande qui sécrète. Voilà ce que nous nommons des noms provisoires de propriétés vitales, d’énergies proprement vitales, d’énergie vivante, et ce que M. Chauveau appelle le travail physiologique. Et c’est cela que nous devons considérer dès à présent comme échangeable par voie d’équivalence avec les énergies du monde physique, comme celles-ci le sont entre elles. Le premier principe de l’Énergétique n’a pas d’autre signification.

Le dernier principe nous enseigne que, si l’énergie chimique est la forme génératrice, matricielle des énergies vitales, l’énergie calorifique en est la forme de déchet, d’émonction, la forme dégradée suivant l’expression des physiciens. La chaleur est dans l’ordre dynamique un excretum de la vie animale, comme l’urée, l’acide carbonique et l’eau en sont des excréta dans l’ordre substantiel. C’est donc tout à fait à tort que, par suite d’une fausse interprétation du principe de l’équivalence mécanique de ta chaleur, ou par ignorance du principe de Carnot, quelques physiologistes parlent encore de la transformation de la chaleur en mouvement ou en électricité dans l’organisme animal. La chaleur ne se transforme en rien, dans l’organisme animal : elle se dissipe. Son utilité vient, non pas de sa valeur énergétique, mais de son rôle d’amorçant dans les réactions chimiques, ainsi qu’il a été expliqué à propos des caractères généraux de l’énergie chimique.


Les conséquences de ces principes, si généraux et si clairs de la physiologie énergétique sont de la plus haute importance au point de vue pratique autant qu’au point de vue théorique.

Et d’abord, ils montrent bien la place et le rang des phénomènes de la vie dans l’ensemble de l’univers. Ils font concevoir, sous un jour nouveau, cette belle harmonie des deux règnes animal et végétal que Priestley, Ingenhousz, Senebier et l’école chimique du commencement du siècle ont dévoilée et que Dumas a exposée avec une clarté et un éclat incomparables. L’Energétique l’exprime en deux mots : Le monde animal dépense l’énergie que