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le protoplasma l’emploie réellement, son rôle serait la contrepartie de ses réserves.

S’il est possible que le protoplasme actif se comporte comme le veut M. Le Dantec, il est certain que les réserves suivent la loi de Claude Bernard, et c’est toujours à elles que revient la part essentielle dans les mutations énergétiques.


IV

Le troisième principe de l’Energétique biologique est également tiré de l’expérience. Il est relatif non plus au point de départ du circulus de l’énergie animale, mais à son terme.

C’est ici la partie la plus nouvelle de la doctrine, et, disons-le, la moins comprise des physiologistes eux-mêmes. L’énergie, issue du potentiel chimique des alimens, après avoir traversé l’organisme (ou simplement l’organe que l’on considère en action) et avoir donné lieu aux apparences phénoménales plus ou moins diversifiées, qui sont les manifestations propres ou encore irréductibles de la vitalité, fait enfin retour au monde physique. Ce retour s’opère (sauf les restrictions qui seront indiquées tout à l’heure) sous la forme ultime d’énergie calorifique.

Les véritables phénomènes vitaux se classent donc entre l’énergie chimique qui leur donne naissance et les phénomènes thermiques qu’ils engendrent à leur tour. La place du fait vital dans le cycle de l’énergie universelle est ainsi parfaitement déterminée. C’est là une conclusion d’une importance capitale pour la biologie. On peut l’exprimer dans une formule concise qui résume pour ainsi dire, en quelques mots, tout ce que la philosophie naturelle doit retenir de toutes ces études. « L’énergie vitale est, en lin de compte, une transformation d’énergie chimique en énergie calorifique. »

La rigueur de cet énoncé exige une restriction : il suppose que l’animal se contente de vivre et qu’il n’exerce aucun travail extérieur.

Les fondateurs de l’énergétique animale, et M. Chauveau surtout, ont essayé de donner plus de précision à cette notion, fatalement assez vague, d’énergies vitales. Il arrive, à propos de ces énergies, en biologie, ce qui est le cas ordinaire pour les agens physiques : on sait les mesurer sans savoir ce qu’ils sont.

Les énergies vitales sont les phénomènes qui s’accomplissent