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générale et de la dénaturer en lui assignant comme but l’étude de la vie cellulaire. Ils ont affecté de croire que la physiologie depuis le temps de Galien n’avait eu de préoccupation que du jeu des organes et ils opposaient à cette « physiologie des organes » leur « physiologie de la cellule ». Un savant qualifié, J. Lœb, n’a pas eu de peine à faire justice de ces prétentions. Il a montré que la « structure cellulaire » était, dans la plupart des cas, une circonstance aussi complètement indifférente que la « structure des organes » au jeu des forces vitales, — et qu’il fallait bannir la notion morphologique de la physique de la matière vivante, — car la physiologie générale n’est pas autre chose — comme de la physique des corps bruts. La détermination des sources où les plantes et les animaux puisent leurs énergies vitales ; la transformation médiate de l’énergie chimique en chaleur animale dans la nutrition, ou en mouvement dans la contraction musculaire, l’évolution chimique des alimens, l’étude des fermens solubles ont une autre portée pour l’intelligence des mécanismes de la vie. Et ce sont là autant de parties déjà tort avancées de l’énergétique physiologique.


III

L’équivalence ou l’identité des énergies développées chez les animaux avec les énergies universelles de la nature a fourni le point de départ de la Doctrine. Deux autres vérités achèvent de la fonder : c’est à savoir que les énergies vitales proprement dites ont leur origine dans l’une des énergies extérieures, — non pas l’une quelconque comme on pourrait le croire, — mais exclusivement dans l’une d’elles, l’énergie chimique. Et de même elles ont leur aboutissement dans un petit nombre d’autres tout aussi exactement fixées.

Il résulte de là que les phénomènes de la vie devront nous apparaître comme une circulation d’énergie qui, partie d’un point fixe du monde physique, fait retour à ce monde par un petit nombre de points également fixes, après une course fugitive à travers l’organisme animal.

C’est, avec plus de précision, la transposition dans l’ordre de l’énergie de ce qu’était l’idée du Tourbillon vital de Cuvier et des naturalistes dans l’ordre de la matière. Ceux-ci définissaient la