cette accusation de matérialisme grossier et évidemment erroné que méritent, au même titre que Descartes et Boerhave, ces scientifiques intransigeans qui prétendent trouver dans les machines actuelles de nos laboratoires le modèle de tous les mécanismes, même les plus complexes de l’économie animale ; tentative aussi vaine que celle d’un iatro-mécanicien essayant d’expliquer avant les découvertes de Lavoisier les phénomènes élémentaires de la respiration, ou les phénomènes de l’excitation des nerfs avant le temps de Volta.
Mais d’un autre côté, on aperçoit aussi la part profonde de vérité qui se cachait au fond de ce matérialisme outré et maladroit ainsi que dans cet obscur instinct uniciste qui a poussé les biologistes de tous les temps à ramener les phénomènes de la vitalité sous l’empire de la physique générale.
Dès à présent, nous connaissons certainement le plus grand nombre des formes d’énergie communes au monde vivant et à la nature brute ; ce sont les mêmes énergies, chimique, thermique, mécanique, avec leurs mêmes caractères de mutabilité, leur barème d’équivalence, leurs états actuel et potentiel.
Si, derechef, il arrive, comme il est advenu au siècle dernier pour l’électricité, que quelque forme inédite d’énergie surgisse des recherches physiologiques, nous pouvons affirmer en toute confiance que cette énergie nouvelle n’obéira pas à des lois nouvelles. Elle s’échangera avec les formes actuelles suivant les règles fixées ; elle appartiendra à l’ordre universel comme à l’ordre vivant ; ce sera une conquête de la Physique générale aussi bien que de la Biologie. Il est facile de comprendre, après ces éclaircissemens, la signification et la portée de cette affirmation qui est le fondement de l’Energétique biologique, à savoir que les phénomènes de la vie sont des métamorphoses énergétiques au même titre que les autres phénomènes de la nature.
Cette science que l’on baptise « l’Energétique biologique » n’est pas nouvelle ; ce n’est autre chose que la physiologie générale et ion sait que personne, en aucun pays, n’a plus contribué à la fonder et à l’enrichir que Claude Bernard. Mais il faut reconnaître que R. Mayer et Helmholtz l’ont mieux caractérisée et en ont mieux limité le champ, en la définissant « l’étude des phénomènes de la vie envisagée du point de vue de l’énergie ».
Une école de zoologistes expérimentateurs a essayé, au cours de ces dernières années, en Allemagne, d’accaparer la physiologie