comme d’une preuve de goût, de tact, et de discrétion. Ne convenait-il pas, en effet, et pour beaucoup de raisons, que la femme de Pierre Froment n’eût de la femme que le sexe ?
C’est dommage, après cela, que le roman tout entier soit écrit d’un style cursif et négligent, avec des hardiesses qui ne sont généralement que des incorrections ; une emphase qui approche souvent du galimatias ; et quelle abondance ! mais quelle étrangeté de métaphores ! Faut-il rappeler à M. Zola qu’une « affaire anarchiste » n’est pas une affaire où des anarchistes sont compromis ? que des « problèmes anxieux » ne sont pas des « problèmes angoissans » ? qu’on ne sait ce que c’est qu’une « bouche de douceur, amincie d’amertume » ; ou des « bras d’adoration » ; ou des fronts « qui prennent des expressions entières de citadelle inexpugnable » ? Mais sa manière d’amplifier l’insignifiance des choses par l’exagération des mots est bien plus fatigante encore, et, n’ayant rien à dire, sa rage d’enfler la voix pour le dire tout de même. « Le grand cri de justice passait, dans le bruit d’ailes terrifiant que Sodome et Gomorrhe avaient entendu venir, de toutes les ténèbres de l’horizon. » Et ailleurs : « La justice est le soleil, un soleil de beauté, d’harmonie et de force, parce que le soleil est l’unique justice, brûlant au ciel pour tout le monde, donnant du même geste, au pauvre comme au riche, sa magnificence, sa lumière et sa chaleur qui sont la source de toute vie. » Les gestes du soleil, un « soleil d’harmonie », ce soleil qui est la justice ! en vérité, pour user d’une autre expression de l’auteur, nous aurions bon besoin que « notre étoile nous envoyât un moyen de nous repêcher dans l’eau trouble » de cette rhétorique. A quoi bon insister ? Qu’est-ce que « la cendre fine de la nuit noyant l’océan des toitures de Paris » ? Comment « l’argent » peut-il devenir un « bâton souverain » ? Comment « un flot de boue s’accroître d’une moisson d’infamies » ? Mais qu’y a-t-il de « naturaliste » ou seulement de « naturel » dans ce style d’énergumène ou, si l’on le veut, de visionnaire ? et vraiment était-ce la peine de tant médire du romantisme et de ses oripeaux pour finir aujourd’hui par nous en affubler ? M. Zola devrait relire les pages qu’il a jadis consacrées à la banqueroute du romantisme.
Une autre liberté que prend volontiers l’auteur de Paris, c’est celle d’incorporer dans son œuvre l’expression de ses animosités ou de ses rancunes personnelles. Je ne songe point, en écrivant ceci, au « critique influent » dont il a quelque part dessiné la caricature, et je ne lui demande pas qui est le journaliste Sanier ? Une Revue anglaise a donné une « clef » de Paris : je ne m’en servirai pas. Je dirai même que, s’il faut bien qu’un romancier prenne ses modèles dans la réalité,