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REVUE LITTÉRAIRE

LE PARIS DE M. E. ZOLA[1]

De tous les hommes de France, et d’Europe, et du monde, c’est assurément lui, qui depuis un quart de siècle a le moins « évolué » ! Tout changeait autour de nous, les hommes et les choses, les idées et les mœurs, les doctrines et les intérêts, les « questions » et la science elle-même. Lui cependant, M. Zola, demeurait obstinément fidèle à ses débuts. Les contradictions, bien loin de l’inquiéter, l’enfonçaient, l’ancraient, l’immobilisaient dans la satisfaction de lui-même ; il enseignait le même naturalisme ; il refaisait toujours le même roman ; et c’est pourquoi, n’ayant plus parlé de lui depuis une dizaine d’années, nous n’en aurions aujourd’hui rien de bien neuf à dire si dans Lourdes, Rome, et Paris, il n’avait appliqué les procédés de ses Rougon-Macquart à des problèmes un peu plus difficiles, et surtout un peu plus délicats, que l’ « histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire ». Non, en vérité, le romancier n’a rien appris, ni l’écrivain, ni le penseur : on verra tout à l’heure qu’il n’a non plus rien oublié. Mais, justement, c’est ce qu’il y a de curieux dans Paris : un homme qui discute le problème religieux avec le style de l’Assommoir ou avec des raisonnemens qui ne sont pas indignes du pharmacien Homais ; — et c’est ici tout ce que j’en veux retenir.

  1. Bibliothèque Charpentier. Fasquelle, éditeur, 1 vol. in-18 ; Paris, 1898.