étaient jonchés de débris d’arbres d’espèces inconnues, arrachés à une terre d’où ils étaient amenés par les flots. Il chercha, lui aussi, cette terre et il la trouva.
Quand il y fut parvenu et que, voulant agrandir le champ de ses découvertes, il navigua dans cette mer qui devait s’appeler la mer des Antilles et le golfe du Mexique, il ne cessa d’observer le mouvement des eaux. À la Bouche-du-Dragon, près du golfe de Paria, il vit le courant tournant à l’ouest ; il le reconnut encore sur la côte du Honduras. Groupant les résultats de son expérience, il formula une hypothèse et admit que la mer, dans sa marche, suivait le firmament d’Orient en Occident. Le véritable père de l’océanographie est le Gulf-Stream. Il semble que les hommes n’aient inventé cette science que pour se l’expliquer, et aujourd’hui même il est le phénomène le mieux étudié et le moins inconnu de l’Océan. Pendant plusieurs années, toutes les navigations espagnoles rayonnent autour d’Hispaniola et de Cuba. Ocampo contourne cette dernière île ; en 1513, Ponce de Léon, ayant pour pilote Anton de Alaminos, qui avait été pilote de Colomb à son dernier voyage, part à la conquête de la fontaine de Jouvence, en Floride, et son navire ne parvient qu’à grand’peine à franchir les eaux qui se précipitent avec une sorte de furie vers le nord. Peu après, Diego Colomb, le fils de l’amiral, recueille ces données, les combine et, comme le raconte Pierre Martyr d’Angleria, il affirme la continuité du fleuve marin et celle du continent qui le borne vers l’ouest et le ramène en sens inverse de sa première direction. La donnée scientifique apparaît. Anton de Alaminos, après avoir accompagné Cordova, puis Grijalva autour du Yucatan et dans le golfe du Mexique, devient pilote-major de Cortez allant s’emparer de l’empire de Montezuma, et lorsque le conquérant craint d’être arrêté par les jalousies et les intrigues de ses ennemis à Cuba et à Madrid, il charge son pilote de se rendre en toute hâte en Espagne, afin de les déjouer et de porter à la cour des dépêches et surtout des présens. Alaminos est le premier à se servir de sa science. Pour arriver plus promptement, il prend le chemin le plus long et, partant de Vera Cruz, il dirige son navire par le nord de Cuba et le détroit de la Floride. Les trois phases se sont succédé : la découverte océanographique, sa mise en formule avec les déductions qu’on en tire et, en dernier lieu, sa mise en pratique.
Toutes les mers sont parcourues. Barthélémy Diaz reconnaît