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environnans, du climat, du régime des vents, en un mot de l’ensemble des causes extérieures quelles qu’elles soient qui possèdent toutes une influence et inversement sont toutes influencées, cycle où tout commence et où tout finit, et qui, aussitôt qu’il cessera d’exister, marquera l’instant de la mort de notre planète, pareille au corps humain lorsque le cœur a donné son dernier battement. L’océanographie dynamique comprend aussi l’étude des marées dont les mouvemens rythmés s’accordent avec ceux des astres ; l’examen des procédés par lesquels les débris des continens entraînés par les vents ou amenés par les fleuves parviennent au grand réservoir commun, se dispersent au milieu de ses eaux, descendent en pluie jusqu’au plus profond des abîmes, s’y accumulent pour y constituer des roches analogues à la plupart de celles que nous rencontrons maintenant sur nos continens et qui sont le fond des océans d’autrefois. Elle s’occupe des phénomènes de contact entre la mer et la terre, elle cherche les lois qui président à la formation des deltas ou des barres qui s’étendent à travers l’embouchure des fleuves, au comblement des estuaires, à la façon dont les vagues et les courans découpent les contours des rivages, aux dunes, aux étangs côtiers et à ces constructions madréporiques, atolls et îles de corail, conquêtes de la vie organique sur la vie inorganique, triomphe de l’infiniment petit, le zoophyte, sur l’infiniment puissant, l’océan.

L’océanographie touche donc, directement ou indirectement, à une foule de sciences et plus qu’à toute autre, à la géologie. Le présent est à la fois la clé du passé et celle de l’avenir, surtout en histoire naturelle. L’homme, dans ses investigations, procède du connu à l’inconnu, de ce qu’il est capable de voir de ses yeux, de toucher de ses mains, de mesurer avec ses instrumens, à ce dont il ne peut plus apercevoir que les résultats ; des phénomènes auxquels il assiste à ceux qui se sont accomplis des milliers de siècles avant lui. Longtemps la géologie s’est traînée dans une sorte d’ornière dont l’océanographie la force à sortir, peut-être même un peu contre son gré. Vieilles gens et vieilles sciences ont leurs habitudes et n’aiment point à en changer ; mais, plus heureuses, les vieilles sciences peuvent rajeunir.

Les roches sont d’origine ignée ou métamorphique et sédimentaire. Les premières sont l’objet des recherches d’une science spéciale, la pétrographie, qui étudie leur nature intime et l’ensemble des connaissances qui se rapportent aux phénomènes