Une science nouvelle a fait récemment son apparition et commence à être connue. À vrai dire, elle n’est pas absolument nouvelle ; elle est vieille de près de deux siècles avec son but défini, ses procédés d’investigation, ses lois déjà connues, l’indication des découvertes qui lui restent à accomplir, son individualité didactique pour tout dire d’un seul mot. Mais elle n’était guère l’objet jusqu’à ces derniers temps, que de recherches personnelles, et comme elle n’était étudiée que par quelques spécialistes, elle restait à peu près ignorée du public.
Cette science est l’océanographie : elle se propose de constater les phénomènes s’accomplissant au sein de l’immense masse d’eau qui couvre plus des trois quarts de notre globe, elle les mesure, les explique, découvre et formule les lois qui la gouvernent, à sa surface et au fond d’abîmes qu’on appelait autrefois insondables, alors qu’on croyait à l’insondable. Aujourd’hui, l’océanographie progresse à pas de géant ; les nations maritimes contribuent toutes à son développement aussi bien au point de vue théorique, pour le plus grand bénéfice de l’esprit humain qui a le droit et le devoir de chercher à tout connaître, qu’au point de vue pratique des avantages matériels qu’on en retire, car la lutte entre l’homme et la nature, devenue toujours plus âpre, oblige impérieusement à ne laisser aucune force improductive. En océanographie, la France a créé ; elle a fait d’importantes découvertes, puis elle s’est arrêtée et elle a laissé à d’autres le soin de continuer l’œuvre, oubliant même ceux de ses enfans dont elle tenait