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avec la Belgique. C’est à la suite des conférences tenues à Londres lors des fêtes du jubilé de l’impératrice-reine Victoria, entre les ministres des diverses colonies et le cabinet Salisbury, que cette décision a été prise : on l’attribue à l’influence du « premier » canadien, sir Wilfrid Laurier. Dès le mois d’août 1898, les deux pays auront repris leur liberté d’action : ils s’occupent de régler le modus vivendi qui sera alors établi.

Non seulement les élections de l’année 1898 vont se faire en partie sur la question des traités de commerce, mais le Reichstag lui-même, sur le point de terminer sa carrière, s’en occupe à chaque instant : à lire les débats du Parlement, il semble qu’on soit à la veille de cette échéance, tant les discussions sont animées, tant les partisans des solutions opposées cherchent à accumuler d’argumens chacun en faveur de leur thèse. A plusieurs reprises, de vifs débats se sont engagés. A la séance du 9 février 1898, le député Werner déclarait que la politique des traités de commerce avait été nuisible au pays et en particulier à l’agriculture. Richter, le célèbre orateur de la gauche, répondit que cette politique a empêché les barrières douanières de s’élever trop haut contre les produits allemands. Le comte Herbert de Bismarck et le comte Kanitz ayant voulu faire l’apologie de la politique commerciale du prince de Bismarck, Richter rappelle combien cette politique a été changeante : « En 1862, Bismarck s’était rallié au système des traités de commerce de Napoléon III ; en 1875, allant plus loin, il voulut supprimer la plupart des droits, en ne taxant qu’une quinzaine d’articles, à la manière anglaise, sans autre but que de donner des revenus au fisc ; en 1877, il supprima les droits sur les fers. Sa brusque évolution de 1879 amena des représailles de la part des autres pays. Après une période de tarif général, un nouveau chancelier dut revenir au système des traités de commerce. » Lors d’un autre débat au Reichstag, en février 1898, sur la situation commerciale, notamment sur les rapports avec les États-Unis, le député Barth affirmant que le commerce allemand avec l’Amérique s’est développé, M. de Kanitz lui répond que ce sont les importations américaines en Allemagne qui ont seules augmenté.

Au point de vue de nos relations avec l’Allemagne, nous semblons actuellement tirer profit de la clause du traité de Francfort qui assure à perpétuité à chacun des contractans le traitement de la nation la plus favorisée. En effet, l’Allemagne, ayant conclu